Dans Les Siffleurs, un polar noir sur les écrans le 8 janvier, Corneliu Porumbouiu joue sur les codes du film noir en s’amusant avec le thème de la corruption, central dans le cinéma roumain.
Les Siffleurs est un polar étrange. Cristi, un inspecteur de police de Bucarest corrompu par des trafiquants de drogue, est soupçonné par ses supérieurs et mis sur écoute. Embarqué malgré lui par la sulfureuse Gilda sur l’île de la Gomera, il doit apprendre vite le Silbo, une langue sifflée ancestrale. Grâce à ce langage secret, il pourra libérer en Roumanie un mafieux de prison et récupérer les millions cachés. Mais l’amour va s’en mêler et rien ne se passera comme prévu…
On le voit l’univers des Siffleurs décrit un monde gangréné, un monde où tout le monde n’est ni beau, ni gentil. Tout en s’inspirant de beaucoup de films noirs classiques, le réalisateur voulait que, dans son histoire, les personnages mentent, jouent un double jeu. Avec le Sitbo, il pouvait ajouter un ingrédient surréaliste à son récit : de fait, le Silbo, parlé sur l’île de la Gomera, permet de coder le langage commun, un peu comme le cinéma code la réalité.
Dès qu’il débarque sur l’île pour retrouver une femme fatale (Gilda, campée par Catrinel Marlon) , son flic doit faire face à bien des imprévus. Commentaire du cinéaste : « Les choses se compliquent et rien ne se passe comme prévu. Le policier va s’embarquer dans un voyage initiatique, une sorte d’aventure aux allers-retours multiples et aux virages surprenants. »
Avec l’aventure de ce flic désabusé, Corneliu Porumboiu joue sur les codes du film noir tout en lui insufflant des techniques de mise en scène à la Tarantino et en cherchant un univers visuel spécifique. Ainsi, avec le directeur de la photographie, Tudor Mircea, il a voulu créer un langage visuel qui fasse référence à Edward Hopper comme à Hitchcock. Il conclue : « Avec Arantxa, la directrice artistique, qui est aussi mon épouse, nous avons décidé de teinter les différents chapitres du film aux couleurs de l’arc en ciel, chacun des chapitres portant le nom d’un personnage qui joue une place importante dans le trajet de Cristi. Nous avons tenté de mettre en place une esthétique un peu distanciée, abstraite, pour mettre en valeur l’idée d’artifice et de rôle joué par chacun d’eux. »

