VILLE NEUVE, de Félix Dufour-laperrière – 1h16
Film d’animation
Sortie : mercredi 26 juin 2019
Mon avis : 3 sur 5
Le pitch ?
Un été en bord de mer sur les côtes arides de la Gaspésie. Joseph s’installe dans la maison d’un ami. Il convainc Emma, son ex-femme, à venir l’y rejoindre. Tandis que la campagne référendaire de 1995 sur l’indépendance du Québec bat son plein, des maisons brûlent, des discours s’affrontent, un couple se retrouve et s’aime. Se défera-t-il à nouveau ?
Et alors ?
Adapté librement d’une courte nouvelle de Raymond Carver, La Maison du Chef, ce premier long métrage d’animation du cinéaste québécois né en 1981 à Chicoutimi mêle la crise relationnelle à la crise politique dans un aller-retour constant. « Déplaçant ces retrouvailles dans mon pays, j’ai souhaité y faire résonner les espoirs politiques du Québec moderne et ainsi lier les registres intimes et collectifs. La parole a rapidement pris de l’importance puisqu’elle est centrale à ces deux registres. Sont alors nés les récitatifs (ou monologues) de chacun des principaux personnages. Le dessin et l’animation à la main, sur papier, a fait le reste » souligne Félix Dufour-laperrière.
Si l’histoire peut paraître lointaine à qui ne connait pas bien l’univers québécois et les grands débats sur l’Indépendance qui ont secoué le pays régulièrement, Ville neuve attire indéniablement l’attention par son univers graphique fort beau.
De fait, Félix Dufour-laperrière a opté pour la technique de l’encre sur papier qui donne un ton singulier à cet univers de solitude et de tensions. Un travail de fourmi comme le rappelle le cinéaste : « Le travail sur papier, avec ses incertitudes, ses vibrations et ses textures, accompagne parfaitement le rythme interne du film. Le caractère dessiné, imparfait, est également propice aux métamorphoses, aux transitions animées et m’a permis de parfois vider le cadre, d’isoler les figures et les objets de leur contexte pour les ériger comme dessins, comme signes ou symboles. La fabrication de Ville neuve c’est environ 80 000 dessins. »
Si l’histoire tourne parfois un peu en rond, il s’en dégage une indéniable poésie sur fond d’un drame personnel.
