TROIS FRÈRES ET UNE GUERRE

UN HAVRE DE PAIX, de Yona Rozenkier – 1h31

Ave Yoel Rozenkier, Micha Rozenkier et Yora Rozenkier

Sortie : mercredi 12 juin 2019

Mon avis : 4 sur 5

Le pitch ?

Trois frères se retrouvent pour enterrer leur père dans le kibboutz de leur enfance. Avishaï, le plus jeune, doit partir deux jours plus tard à la frontière libanaise où un nouveau conflit vient d’éclater. Il sollicite les conseils de ses frères qui ont tous deux été soldats. Itaï souhaite endurcir le jeune homme tandis que Yoav n’a qu’une idée en tête : l’empêcher de partir. Dans ce kibboutz hors du temps, le testament du père va réveiller les blessures secrètes et les souvenirs d’enfance…

Ce qui touche dans ce film ?

Fils d’une volontaire suisse venue vivre au kibboutz et d’un survivant français de l’Holocauste, Yona Rozenkier a commencé par être fermier dans un  kibboutz avant d’embrasser la carrière cinématographique. En 2006, son plus jeune frères lui a rendu visite pendant 24 heures avant de rejoindre le front. Avec leur frère aîné, ils ont passé ce week-end « sous les bombes » dans un lieu où se trouvaient surtout les plus âgés. « Ils avaient coupé les sirènes d’alarme pour pouvoir dormir tranquilles« , note-t-il. Avant d’ajouter : « L’atmosphère était unique et irréelle, comme un « Far West » figé dans le passé, qui se meurt lentement, quelque part dans les montages à l’Ouest de la Galilée. Un monde d’alcool, d’humour débridé, de chasseurs avec leur arme à la ceinture, au milieu de champs de fleurs multicolores et de falaises spectaculaires face à la Méditerranée. »

L’intérêt de son film – c’est son premier long métrage-  c’est de montrer bien des aspects de la vie quotidienne dans un Israël toujours sur le pied de guerre et où l’on tente de vivre malgré tout « normalement ». Parfois, on pourrait se croire même dans un jeu quand le frère aîné entraîne le futur soldat au combat de guérilla en s’exerçant au paintball dans les ruines d’une maison dont les murs sont pourtant criblés d’impact de balles.

De fait, la guerre reste presque irréelle car « réduite » à quelques explosions dans le lointain ou aux images télévisées de deux amis morts au combat. Et, par l’affrontement entre les frères, on mesure que partir au front est loin de faire l’unanimité chez les jeunes israéliens.

La guerre joue aussi le rôle de révélateur des névroses familiales avec le testament « maudit » du père qui fait éclater quelques tensions dans la fratrie et offre la très belle séquence de la plongée dans la grotte battue par les vagues.

Donnant la réplique à ces deux propres frères dans le film, qui jouent très juste, Yona Rozenkier parvient à signer un récit d’une grande vérité et très émouvant. Et qui, en toile de fond, montre tout un aspect de la société israélienne.

 

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