YAO, de Philippe Godeau – 1h44
Avec Omar Sy, Lionel Basse, Fatoumata Diawara
Sortie : mercredi 23 janvier 2019
Mon avis : 2 sur 5
Le pitch ?
Depuis son village au nord du Sénégal, Yao est un jeune garçon de 13 ans prêt à tout pour rencontrer son héros : Seydou Tall, un célèbre acteur français. Invité à Dakar pour promouvoir son nouveau livre, ce dernier se rend dans son pays d’origine pour la première fois. Pour réaliser son rêve, le jeune Yao organise sa fugue et brave 387 kilomètres en solitaire jusqu’à la capitale. Touché
par cet enfant, l’acteur décide de fuir ses obligations et de le raccompagner chez lui. Mais sur les routes poussiéreuses et incertaines du Sénégal, Seydou comprend qu’en roulant vers le village de l’enfant, il roule aussi vers ses racines.
Et alors ?
Ce projet, Philippe Godeau l’avait en tête depuis
longtemps. Depuis longtemps, il pensait aussi à Omar Sy. « J’avais l’intuition qu’il serait sensible à cette histoire, dit le cinéaste, qu’il en partagerait la part intime et les valeurs qu’elle véhicule. Outre la beauté esthétique et exotique du Sénégal, ce sont surtout les valeurs inhérentes à sa culture qui me touchent et que je voulais faire ressentir dans le film : le sens de la famille, du partage, de l’accueil, de la foi que l’on perçoit fortement quand on est là-bas. » Omar Sy incarne parfaitement bien cet acteur qui, soudain, replonge dans le passé de sa famille, renoue avec ses racines. Surtout que, cette fois, c’est lui l’étranger dans le pays ou, comme le lui dit la belle chanteuse croisée sur la route, « un bounty« .
Face à lui, Lionel Basse est étonnant de maturité et campe de manière parfaite cet adolescent qui va au bout de ses rêves pour rencontrer l’acteur dont il a dévoré le livre et qu’il conserve comme un fétiche, un sésame pour parvenir dans le monde des adultes.
Les belles histoires ne font pas forcément les grands films et Yao en apporte malheureusement une preuve de plus, malgré l’enthousiasme de ses comédiens principaux. Bien sûr, il s’agit d’un conte moderne mais qui semble bien irréaliste. Il y a ainsi la facilité avec laquelle le jeune Yao parvient à filer à Dakar sans oublier l’improbable rencontre de Seydou Tall et de la belle Gloria (Fatoumata Diawara), chanteuse malienne venue gagner sa vie en se produisant dans les petits hôtels. Parfois, le cinéaste glisse même vers une Afrique de carte postale avec des baobabs aussi majestueux que mystérieux qui, il est vrai, apporte au décor une indéniable majesté.
C’est d’autant plus décevant que, parfois, l’atmosphère est moins caricaturale comme dans la séquence où, hébergé par un garagiste, Seydou Tall suit de nuit la vieille femme de cette famille qui fait des offrandes au bord du fleuve.
Certes, le Sénégal montré dans cette histoire n’est pas des plus touristiques, mais le nouveau film de Philippe Godeau reste un peu caricatural et pas vraiment vraisemblable. C’est un conte sympathique de la vie moderne si l’on parvient à faire abstraction de certaines incohérences du scénario.

