UNE COMÉDIE IRANIENNE DÉJANTÉE

PIG, de Mani Haghighi – 1h37

Avec Hasan Majooni, Leila Hatami, Leyli Rashidi

Sortie : mercredi 5 décembre 2018

Mon avis : 3 sur 5

Le pitch ?

Un mystérieux serial killer s’attaque aux cinéastes les plus adulés de Téhéran.
Hasan Kasmai, un réalisateur iranien, est étrangement épargné. Censuré depuis des mois, lâché par son actrice fétiche, il est aussi la cible des réseaux sociaux. Vexé, au bord de la crise de nerfs, il veut comprendre à tout prix pourquoi le tueur ne s’en prend pas à lui.. et cherche, par tous les moyens, à attirer son attention.

Et alors ?

Issu d’une famille célèbre du cinéma iranien, découvert hors de son pays par Men at Work, (Festival de Berlin 2006) écrit par Abbas Kiarostami, Mani Haghighi signe ici une comédie loufoque et surréaliste avec l’histoire d’un cinéaste qui rêve de se faire de la publicité même s’il risque d’y laisser sa peau. « J’étais à Prague quand j’ai lu une information sur un réalisateur iranien pratiquement inconnu, qui venait de mourir, et dont tout le monde disait du bien de lui. Je songeais que de son vivant, personne ne se souciait de lui et de son travail, et combien en Iran en particulier la mort permet à des artistes médiocres d’acquérir une reconnaissance » souligne le réalisateur.

Multipliant les scènes déjantées- avec comme point culminant la fête où les deux protagonistes principaux se déguisent dans des tenues d’un rouge vif et qui se moque ouvertement des fiestas de l’époque du Shah d’Iran- PIG est une description ironique de la société iranienne. C’est une limite du film dont certaines références toucheront sans doute plus un public iranien que les téléspectateurs européens. Ainsi quand, dans le déroulé de son histoire figurent, parmi les réalisateurs assassinés,  aussi bien un fidèle du régime, Ebrahim Hatamikia, que Rakhshan Bani Etemad, qui signe, lui,  un cinéma engagé socialement, le réalisateur s’amuse à brouiller les pistes et à multiplier les références à la politique de son pays depuis quelques décennies.

Brocardant aussi bien la police secrète que les réseaux sociaux – là encore, on sent qu’ils ont envahi le champ social en Iran – Mani Haghighi montre, sans jamais perdre son sourire, le malaise qui étreint la société de son pays. Montrant clairement que « le malaise actuel dans la société n’a pas une source unique, mais est d’autant plus envahissant qu’il résulte de multiples facteurs« , ce film, déroutant à bien des égards et jouant sur bien des séquences de rêves, offre un ton provocateur salutaire. Dont le titre – PIG (cochon) – en dit long dans un pays musulman sur les intentions de son réalisateur. Mention spéciale à son acteur principal, Hassan Majuni, figure du théâtre dans son pays, qui sait jouer sur toutes les nuances de la démesure… Face à lui, on retrouve une autre actrice iranienne fort connue, Leila Hatami, que les Français avaient découvert dans La Séparation.

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