UN MÉLO EXOTIQUE RÉUSSI

LA TENDRE INDIFFÉRENCE DU MONDE, de Adilkhan Yerzhanov – 1h39

Avec Dinara Baktybayeva, Kuandyk Dussenbaev, Teoman Khos

Sortie : mercredi 24 octobre 2018

Mon avis : 4 sur 5

Le pitch ?

La belle Saltanat et son chevalier servant Kuandyk sont amis depuis l’enfance. Criblée de dettes, la famille de Saltanat l’envoie dans la grande ville où elle est promise à un riche mariage. Escortée par Kuandyk qui veille sur elle, Saltanat quitte son village pour l’inconnu. Les deux jeunes gens se trouvent entraînés malgré eux dans une suite d’événements cruels et tentent d’y résister de toutes les façons possibles.   

Et alors ?

Le thème de l’amour impossible entre une belle jeune femme et un roturier est vieux comme le monde. Surtout quand la dame a les traits de la magnifique Dinara Baktybayeva. Quant à son copain d’enfance, Kuandyk (Kuandyk Dussenbaev), il la suit comme son ombre, qu’elle aille à la ville pour tenter de sauver sa famille de la déroute, ou retourne dans sa bonne vieille campagne. Avec, au cœur de ce mélodrame, la maison, à la fois repaire mais aussi symbole d’une situation précaire. Ainsi, le film s’ouvre sur celle de Saltanat que l’on vide de ses meubles ce qui va provoquer la mort du père et provoquer la déchéance de sa fille. « Pour moi, la maison c’est le microcosme où vivent les héros. Dans L’Odyssée, Ulysse comprend que trouver sa maison, c’est la tâche la plus importante dans la vie d’un homme. Ou encore comme dit Voltaire : « Il faut cultiver son jardin. » Dans le grand mouvement des choses, chacun doit défendre son petit territoire : ses convictions, sa vision du monde. Dans mes films, cette idée est toujours exprimée à travers l’image de la maison » souligne Adilkhan Yerzhano.

Très bien joué, ce mélodrame exotique tient par le mélange des tons et des genres. Des références explicites à Kitano au clin d’œil à Camus (avec le titre du film bien entendu) en passant par les références picturales à Van Gogh comme à l’Impressionnisme, le film se présente comme une suite de tableau avec une photographie parfois magnifique (notamment avec une série de couchers de soleil).

Alternant aussi entre le dramatique et le burlesque, l’humour parfois gras (ainsi quand son ami annonce à Saltanat qu’il peut « péter la nuit », même s’il fait attention), ce drame exotique ne peut laisser indifférent et le message d’amour emporte la moindre réticence devant un objet parfois déconcertant mais toujours poétique.

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