UN CONTE SUR LA TOLÉRANCE

YÉTI & COMPAGNIE, de Karey Kirkpatrick, Jason A. Reisig – 1H37

Film d’animation avec, en VF, les voix de Julien Doré, Oxmo Puccino, Amel Bent

Sortie : mercredi 17 octobre 2018

Mon avis : 4 sur 5

Le pitch ?

Vivant dans un petit village reculé, un jeune  yéti découvre une créature étrange qui, pensait-il jusque-là, n’existait que dans les contes : un humain ! Si c’est pour lui l’occasion de connaître la célébrité – et de conquérir la fille de ses rêves –, cette nouvelle sème le trouble dans la communauté yéti. Car qui sait les surprises que leur réserve encore le vaste monde ?

Et alors ?

« Bouleverser un mythe en s’amusant avec une histoire traditionnelle est irrésistible. Nous avons tous entendu des histoires sur des créatures mystérieuses aux habitudes étranges. Mais qu’en est-il de nos propres habitudes étranges ? Admettons-le, nous sommes des créatures étranges à bien des égards. Et il est amusant d’y injecter une bonne dose d’humour et un point de vue différent… à savoir la perspective d’un yéti. » C’est ainsi que Karey Kirkpatrick évoque le scénario de Yéti & Compagnie, un film d’animation qui, comme dans Monstres et Cie, s’amuse à décrire une société de monstres vivant dans un microcosme et qui redoutent les  humains.

En se jouant de bien des codes, le réalisateur signe un récit où, au fil des rebondissements nombreux, l’histoire agit comme un plaidoyer pour la tolérance et l’écoute des êtres différents. Au passage, l’équipe se moque allégrement d’une époque médiatisée en diable – avec au cœur de l’aventure, ce reporter qui a des airs du Nicolas Hulot de la grande époque – et où les réseaux sociaux font la loi. Même si, finalement, ledit reporter devient un monsieur qui ne recherche plus le scoop pour le scoop et qui devient humain au contact des yétis. Le tout n’est pas, enfin,  exempt d’humour. Ainsi quand le parchemin mystérieux du reporter n’est qu’un simple rouleau de papier hygiénique… Ou quand le reporter engoncé dans son sac de couchage ressemble à un gros lombric pataud.  Sans parler de la mère ourse qui pousse un grognement de colère quand le duo d’aventurier vient mettre la pagaille dans sa grotte hivernale. Et puis, concevoir un monde né d’un pet de yack n’est pas l’incitation mystique la plus mélancolique…Mêlant des parties chantées – avec notamment un clin d’œil à David Bowie grâce à la version karaoké de Under Pressure, un succès des années 80 chanté avec Queen – aux scènes d’action, Yéti & Compagnie est un festival de couleurs – l ‘univers du village dans la glace est magnifique, tout comme la grotte qui abrite les bas reliefs relatant l’histoire du peuple yéti – et les personnages ont une sacrée apparence. Il est vrai, l’équipe a soigné le sens du détail dans l’animation comme le souligne le producteur Jason Reisig : « Après avoir réalisé les animations, nous avons fait des simulations pour chaque personnage afin de capturer la dynamique naturelle des cheveux, fourrures ou tissus. Meechee, par exemple, était la plus complexe. Elle a de longs cheveux, qui créent une sorte de robe et une autre couche qui ressemble à un châle et une tresse. Tous ces éléments se chevauchent et interagissent les uns avec les autres, de sorte que chaque fois que le personnage change, ces éléments doivent changer avec. »

Dans la version française, on est étonné d’entendre Oxmo Puccino donner – joliment- de la voix dans un rap des familles quand Amel Bent et Julien Doré assurent joliment leur partie. Dans la version originale, c’est Channing Tatum qui participe pour la quatrième fois dans un film d’animation. Karey Kirkpatrick souligne : « Channing est une personne à laquelle il est facile de s’identifier. Il a insufflé à Migo beaucoup de charme et d’exubérance bon enfant. Quand il ouvre la bouche, vous l’aimez instantanément. »

Une histoire pour petits et grands et qui est un joli conte d’avant Noël. Et délivre, l’air de rien, un message très humaniste…

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