MARCELINE LORIDAN-IVENS : UNE VOIX S’EST TUE.

Meurtrie à jamais par sa déportation – elle avait 15 ans –  à Auschwitz-Birkenau, Marceline Loridan-Ivens, productrice, cinéaste et auteure, vient de mourir. Une voix qui n’a eu de cesse de se battre contre injustice et violence.

Engagée dans la Résistance, la famille  de la future Marceline Loridan-Ivens avait d’abord fuit vers Vichy avant d’acheter une maison à Bollène (Vaucluse). Elle y sera arrêtée avec son père par la Gestapo en février 1944. Transférés à Drancy, elle sera déportés à Auschwitz-Birkenau en avril 1944 où elle fera connaissance avec Simone Veil avec laquelle elle nouera une amitié indéfectible.

 

Survivante de l’horreur, Marceline Loridan-Ivens va fréquenter la Cinémathèque, taper les manuscrits de Roland Barthes, croiser Edgar Morin  qui l’introduit sur le tournage  de Chronique d’un été, tourné en 1961 avec Jean Rouch.  Grâce à ce film, elle devient cinéaste : elle s’y feraconnaître notamment par les documentaires sur le Vietnam ou la Chine de Mao avec son second mari, le cinéaste néerlandais Joris Ivens. L’assistant dans son travail, elle co-réalise en 1968 Le 17 e parallèle.


Marquée à jamais par la déportation, elle avait tourné, en 2003, un bouleversant film de fiction, La Petite Prairie aux bouleaux avec Anouk Aimée, inspiré de son propre parcours dans les camps  de la mort. Devant la résurgence de l’antisémitisme en Europe, Marceline Loridan-Ivens avait raconté, dans de nombreux livres, sa jeunesse dans les camps, la mort de son père et enfin la reconstruction après son retour à la vie civile comme le très beau L’Amour après. En 2015 dans Libération, elle lançait, toujours fidèle à son franc parler : « C’est de pire en pire, on est dans une époque archaïque. Dans un délitement total de la pensée.»

Réputée pour son franc parler, ses engagements à gauche, elle n’a au de cesse que de témoigner sur la Shoah et avait multiplié les conférences dans les lycées et les collèges. Elle avait dit un jour : « J’aime la vie, et la mort tu la contrôles : tu meurs quand tu lâches pied. Je suis vernie, je suis un être libre, il ne faut pas se faire avoir. « 

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