Aimant revisiter la littérature populaire, Bruno Podalydès récidive en s’attaquant à Bécassine !, sur les écrans le 20 juin.
La bonne bretonne serait-elle passée de mode ? À en croire le cinéma pas vraiment car, en compagnie de son frère Denis, Bruno Podalydès s’attaque au mythe de Bécassine, cette bonne bretonne un peu stupide et naïve qui avait marqué l’imaginaire de nos grands-parents. Souvenons-nous… Création de Jacqueline Rivière et du dessinateur Emile-Joseph-Porphère Pincbon, Bécassine a fait les beaux jours de La Semaine de Suzette, un périodique illustré, de 1913 à 1950
Le pitch du film ? Bécassine naît dans une modeste ferme bretonne, un jour où des bécasses survolent le village. Devenue adulte, sa naïveté d’enfant reste intacte. Elle rêve de rejoindre Paris mais sa rencontre avec Loulotte, petit bébé adopté par la marquise de Grand-Air va bouleverser sa vie. Elle en devient la nourrice et une grande complicité s’installe entre elles. Un souffle joyeux règne dans le château. Mais pour combien de temps ? Les dettes s’accumulent et l’arrivée d’un marionnettiste grec peu fiable ne va rien arranger. Mais c’est sans compter sur Bécassine qui va prouver une nouvelle fois qu’elle est la femme de la situation. Pour camper l’héroïne, Bruno Podalydès a fait appel à une comédienne aux grands yeux bleus magnifiques, Émeline Bayart Après quinze ans de métier derrière elle – mais essentiellement au théâtre – la comédienne pourrait avoir une reconnaissance du grand public par ce rôle qu’elle a investi de la tête au pied. Une aventure qui pouvait s’avérer casse-gueule tant, dans
l’imagerie populaire, cette Bécassine est porteuse de bien des fantasmes. Et véhicule aussi quelques belles images caricaturales sur la bonne bretonne. Le 5 juin dernier, lors
d’une avant-première, un petit groupe d’indépendantiste breton a pris à partie le cinéaste, accusé de véhiculer une image rétrograde de cette provinciale naïve. Une belle façon de faire de la pub à ce film au demeurant.
Pour Bécassine, Émeline Bayart a retrouvé le clan des Podalydès : elle avait déjà joué des petits rôles dans Bancs publics et Adieu Berthe. D’eux, elle dit dans Première : « Ils ont des regards singuliers sur l’art que je partage. Leur talent commun, c’est d’employer les acteurs à des endroits justes. »
Et comme l’émerveillement est au cœur de ce récit, Émeline Bayart ne peut que s’en réjouir. Elle dit : « Le jour où je perdrai ça, j’arrêterai ce métier ! Garder un œil étonné sur la vie, être heureux en profitant des choses simples, cela me paraît indispensable ! »
Et si, en faisant oublier les couplets de Chantal Goya, ce Bécassine ! devenait un autre hymne à manière différente d’être ? Verdict dans quelques semaines…
