IRAN : LE COMBAT D’UNE FEMME

LES RIVES DU DESTIN, d’Abdolreza Kahani – 1h51

Avec Taraneh Alidoosti, Babak Hamidian, Reza Attaran

Sortie : mercredi 30 mai 2018

Mon avis : 3 sur 5

Le pitch ?

Samira, jeune mère à peine divorcée, quitte sa province avec sa fille pour revenir s’installer à Téhéran. Déterminée à se construire une vie de femme indépendante, elle cherche un travail et un logement décent pour sortir de la précarité. Ce choix de vie l’oppose à son ex-mari violent, à son entourage divisé et aux mentalités iraniennes conservatrices. Coûte que coûte, Samira tente de surmonter les divers obstacles rencontrés sur son chemin.

Ce qui touche dans ce film ?

Une fois de plus, un cinéaste iranien, Abdolreza Kahani signe un film personnel où il montre comment une jeune femme veut s’affranchir du poids des traditions dans un pays où tout semble toujours figé. Une histoire inspirée par une expérience personnelle : celle de sa petite sœur. Mariée à un homme sans emploi, celle-ci a dû subvenir aux besoins de sa famille, ce qui a conduit à une dégradation de sa relation de couple, son mari se sentant humilié. Une fois divorcée, cette sœur s’est installée à Téhéran, causant la colère non seulement de son mari mais du reste de sa famille. Et le cinéaste de confier : « Elle venait de briser un tabou. Elle essuyait toutes les insultes. Comme dans le film, il la suivait partout. Cette histoire m’a marqué profondément. Sa vie misérable ne me quittait pas. J’ai fait ce film pour me libérer de ces pensées. J’ai juste changé les noms et les lieux ».

Pour tourner une telle histoire, le cinéaste a su se jouer de la censure. AInsi Reza Attaran et Farideh Faramarzi – qui campent Davoud et Rezvan – sont bel et bien mariés dans la vraie vie. Ce choix a été dicté pour contourner la surveillance des autorités.  De fait, tourner en Iran est un parcours du combattant et il faut obtenir bien des autorisations avec, à chaque étape, le risque de voir le tournage interrompu s’il n’y a pas un respect des comportements islamiques. Une fois le tournage terminé, le film dans son intégralité, sa bande-annonce ainsi que son affiche doivent être approuvés… C’est la représentation du corps féminin qui est particulièrement contrôlée. En utilisant un couple marié dans son film, Abdolreza Kahani a pu mettre en scène des contacts physiques tolérés par la censure qui lui ont imposé toutefois de mettre un avertissement au début du film pour expliquer les liens familiaux des acteurs.

Sans tomber dans le pathos et le misérabilisme, Abdolreza Kahani signe une histoire émouvante, non dénuée de séquences empreintes d’humour. Même si on a une impression de déjà vu parfois, la mise en scène légère et le jeu parfait des comédiens confèrent une vraie atmosphère à ce film.

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