DON QUICHOTTE : FIN DE LA MALÉDICTION ?

Cannes 2018


Avec une belle bataille de producteur en toile de fond, le film maudit de Terry Gillian ne le sera plus longtemps. L’homme qui tua Don Quichotte, présenté ce jour en clôture du Festival, sort aussi au cinéma le 19 mai. Mais les questions juridiques ne sont pas encore de l’histoire ancienne…

Le pitch du nouveau Terry Gillian est une libre adaptation du classique de Cervantès, et un vieux rêve de Terry Gillian. L’histoire ? Toby, un jeune réalisateur de pub cynique et désabusé, se retrouve pris au piège des folles illusions d’un vieux cordonnier espagnol convaincu d’être Don Quichotte. Embarqué dans une folle aventure de plus en plus surréaliste, Toby se retrouve confronté aux conséquences tragiques d’un film qu’il a réalisé au temps de sa jeunesse idéaliste: ce film d’étudiant adapté de Cervantès a changé pour toujours les rêves et les espoirs de tout un petit village espagnol. Toby saura-t-il se racheter et retrouver un peu d’humanité? Don Quichotte survivra-t-il à sa folie? Ou l’amour triomphera-t-il de tout ?

Cette version, Terry Gillian l’avait en tête depuis des années et il avait dû interrompre un premier tournage suite à un accident de Jean Rochefort en 1998. Depuis, Gillian poursuivait cette folle quête, comme avant lui Orson Welles avait tenté, en vain, de le faire, laissant des bobines d’un projet mythique inachevé.  Mais la galère n’est pas finie pour autant et l’AVC qu’a eu récemment le cinéaste en est une conséquence directe sans doute. Pour autant, l’homme n’a rien perdu de son humour et il a posté sur les réseaux sociaux une photo de lui en position de lotus dans son jardin et arborant un tee-shirt avec la mention : « Je jour où je n’aurai plus mon sens de l’humour, je serai six pieds sous terre. »

Petit retour en arrière sur un film qui fit couleur beaucoup d’encre et perdre pas mal d’argent. En 2016, le cinéaste et le producteur Paulo Branco s’étaient associés pour reprendre le tournage de L’Homme qui tua Don Quichotte, mais les rapports s’étaient détériorés entre eux mettant un terme à leur collaboration. Tenace, Terry Gilliam s’était alors tourné vers d’autres producteurs. Colère de  Branco qui  affirmait détenir contractuellement les droits sur film et avait dès lors traîné le réalisateur en justice.

Malgré les anicroches juridiques, le film fera pourtant bien la clôture du Festival mais avec une mention spéciale : « La projection du film « The man who killed Don Quixote » lors de cette séance de clôture du festival International du film ne préjuge en rien des droits revendiqués par la société ALFAMA FILMS PRODUCTION et Monsieur Paulo BRANCO sur ce film à l’encontre de Monsieur Terry GILLIAM et des producteurs mentionnés au générique, qui font l’objet de procédures judiciaires en cours ». Et l’on saura le 15 juin – car Terry Gillian a fait appel d’une décision qui lui était défavorable devant le Tribunal de grande instance de paris –  et alors même que le film sort en France le 19 mai, si son visa d’exploitation est, oui ou non, suspendu.

Une nouvelle aventure pour le héros désenchanté créé par Cervantès avec un étonnant Jonathan Pryce dans le rôle titre.

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