C’est le film dont tout le monde parle en ce début d’année. À l’affiche le 21 février, La Forme de l’eau, de Guillermo del Toro a des atouts pour marquer l’histoire du cinéma fantastique. Les raisons de cette attente.
Une histoire singulière. Modeste employée d’un laboratoire gouvernemental ultrasecret, Elisa mène une existence solitaire, d’autant plus isolée qu’elle est muette. Sa vie bascule à jamais lorsqu’avec sa collègue Zelda, elles découvrent une expérience encore plus secrète que les autres… Pour expliquer le titre étrange de ce nouvel opus en forme d’hymne à l’amour, Guillermo del Toro souligne : « L’eau
prend la forme de son contenant, mais malgré son apparente inertie, il s’agit de la force la plus puissante et la plus malléable de l’univers. N’est-ce pas également le cas de l’amour ? Car quelle que soit la forme que prend l’objet de notre flamme – homme, femme ou créature –, l’amour s’y adapte. »
Un familier du cinéma fantastique. Après un début de carrière consacré au maquillage et aux effets spéciaux, Guillermo del Toro acquis une notoriété mondiale avec Cronos (1993), film fantastique présenté à Cannes. Depuis avec L’Esprit de la ruche, Le Labyrinthe de pan, Crimson Peak, entre autres, il a marqué les écrans noirs de nos mémoires. Lion d’or à Venise (dont il sera le prochain président du Jury), La Forme de l’eau est nommée treize fois pour les prochains oscars d’Hollywood, en particulier dans la catégorie meilleur réalisateur et meilleur film. Et il a déjà récolté deux Golden Globes (ceux du meilleur réalisateur et de la meilleure bande originale). À Première, Guillermo del Toro déclare : « Ce film est la synthèse de mon travail. Tout le savoir, toutes les compétences que j’ai développées ont été nécessaires pour le réussir de manière satisfaisante. Et c’est aussi mon premier film sur la vie. » Un film bourré de références au cinéma. Ainsi, une des séquences fortes du film, ,le numéro de danse en noir et blanc, est un hommage à la comédie musicale de Stanley Donen.
Un hymne à la différence. Dans La Forme de l’eau, tous les personnages positifs ont une différence marquée, que ce soit une infirmité, une spécificité ethnique, sexuelle. Ainsi Elise est une jeune muette. Pour les besoins du rôle, Sally Hawkins a appris la langue des signes américaines car elle voulait la maîtriser sur le bout des doigts pour pouvoir, le cas échéant, improviser sur le plateau.
Une créature inspirée de la réalité. Pour donner corps à l’amphibien, le cinéaste et son équipe se sont documentés sur le monde marin : ainsi, ils se sont inspirés de la peau bioluminescente et translucide de certains poissons. Par exemple, la manière dont mange la créature rappelle la rascasse volante, un poisson exotique très coloré et venimeux du Pacifique : sa membrane interne lui permet d’avaler d’une manière très rapide sa nourriture. Il a fallu un travail minutieux de plusieurs collaborateurs du cinéaste. Ainsi, c’est Mike Hill, un célèbre sculpteur spécialisé dans la création de miniatures ultra-réalistes inspirées des monstres des classiques de l’horreur, qui a mis la dernière touche à la créature dont deux sculpteurs, David Meng et Dave Grasso, avaient débuté le design .

La BO signé Alexandre Desplat. De Jacques Audiard à Terence Malick, Desplat est le compositeur le plus prolifique et célèbre de musiques de films. C’est lui qui a logiquement épousé les rêveries maritimes de Guillermo del Toro. Il dit : « La caméra est toujours en mouvement, il n’y a pas un seul plan fixe, c’est une mise en scène très musicale. »
On saura vite si le public est sensible aux émotions cette fois imaginées par le cinéaste mexicain.

