STEVEN SPIELBERG ET LA LIBERTÉ DE LA PRESSE

Dans des États-Unis à l’ère Trump, Pentagon Papers, le nouveau film de Spielberg, sur les écrans le 24 janvier, évoque fort à propos une presse qui se battait pour la liberté d’informer.

Infatigable, Steven Spielberg tourne plus vite que son ombre à raison d’un, voire deux films par an : il a signé trente-et-un films en quarante ans de carrière. Et, le 28 mars prochain, il nous proposera de voyager dans l’espace avec Ready Player One. Mais, pour l’instant, il est bien sur terre et plonge le spectateur dans les coulisses de la rédaction du Washington Post en 1971.

Pentagon Papers raconte, en effet, comment des journalistes ont mis en péril leur carrière pour faire triompher la vérité. L’histoire ? Première femme directrice de la publication d’un grand journal américain, le Washington Post, Katharine Graham s’associe à son rédacteur en chef Ben Bradlee pour dévoiler un scandale d’État monumental et combler son retard par rapport au New York Times qui mène ses propres investigations. Ces révélations concernent les manœuvres de quatre présidents américains, sur une trentaine d’années, destinées à étouffer des affaires très sensibles concernant notamment la guerre du Vietnam…

Pour le réalisateur d’E.T., la découverte de cette  histoire – qu’on lui a fait passer en 2016 alors qu’il terminait le tournage de  Ready Player One- l’a poussé à tourner ce nouveau film dans la foulée, histoire de secouer un peu nos consciences politiques à un moment où règne dans le monde entier la domination des « fake news » et où la crédibilité journalistique est plutôt très malmené. Spielberg raconte : « En 1971, Richard Nixon était entré en guerre contre le New York Times et le Washington Post, qui menaçaient son pouvoir. Aujourd’hui, c’est Donald Trump qui tire à boulets rouges sur les médias. Le premier a été obligé de démissionner : il serait intéressant de voir comment le second s’en tirera. Si la démocratie nous paraît parfois imparfaite, elle est encore le meilleur garant de nos libertés. Et la presse en est un des rouages indispensables. » Il fallait sans doute cette urgence démocratique pour que Steven Spielberg aborde une période plus récente, lui qui a traditionnellement abordé des films se passant dans un passé plus lointain ou tourné dans des lieux éloignés des États-Unis comme Munich.

Offrant un rôle de femme déterminé à Meryl Streep, campant la première femme directrice d’un journal, Spielberg retrouve ici pour la cinquième fois son acteur fétiche : Tom Hanks. Et ce film marque sa 29ème collaboration avec John Williams qui compose la musique originale. Et Spielberg d’ajouter : « Avant de procéder à l’enregistrement avec tout l’orchestre, John a l’habitude de tout me jouer au piano d’abord mais le planning de ce film était tellement serré que c’est bien l’une des rares fois où je me suis rendu à un enregistrement mené par John Williams sans en avoir entendu une seule note”.

Laisser un commentaire