Johnny dans sa dernière apparition à l’écran dans Rock’N Roll, de Guillaume Canet
Incontestablement, même attendue, la mort de Johnny Hallyday a créé un choc. Outre la chanson, l’artiste a marqué le cinéma, même s’il ne s’est pas toujours agi de « grands » films. Une chose est sûre : l’homme aimait l’action et se remettre en question.
Dès 1963, Johnny Hallyday, l’idole des jeunes, avait aussi marqué les écrans avec D’où viens-tu Johnny ? Il y incarnait un jeune artiste que des trafiquant de drogue poursuivi jusqu’en Camargue par des trafiquants de drogue. Le film n’était pas un chef d’œuvre loin de là mais Johnny s’y donnait sans s’économiser. Déjà cascadeur reconnu (il fut le régleur de bien des grands noms du cinéma, de Belmondo à Jean Marais), Claude Carliez raconte dans Souvenirs en cascades(*) comment, de film en grand spectacle, il a pu compter sur l’engagement d’Hallyday. Dans le chapitre à lui consacré dans ses mémoires, il évoque un « talent immense, une résistance exceptionnelle. » Et d’ajouter : « Johnny a aussi pris quelques coups car, refusant d’être doublé, il a subi un choc dans une cavalcade ce qui le contraignit à cinq jours de repos total. Je n’ai plus eu l’occasion de croiser Johnny sur un plateau pour une simple raison : il a
mis entre parenthèses sa carrière pour attendre des « bons » films et qui ne soient pas « construits autour d’un personnage de chanteur. »
C’est sur scène au printemps 1984 que Claude Carliez entraînera à nouveau Johnny dans le fameux concert du Zénith où Johnny entrait sur scène sur un immense poing articulé par quelques deux cents vérins hydrauliques. Il raconte dans ses souvenirs : « Je n’ai jamais vu Johnny se faire remplacer pour les répétitions des combats divers ! Il s’est donné sans compter pour les scènes de bagarre qui rythmaient ce récital aux sonorités très rock (…) Je devais régler les chorégraphies de combat entre six danseurs et six cascadeurs, dans un scène se passant dans un boîte de nuit. Johnny a toujours été assidu, toujours attentif et impliqué. »
Même s’il n’a pas toujours eu les plus grands rôles au cinéma, Johnny a quand même croisé la route de
quelques cinéastes marquants : Patrice Leconte, Jean-Luc Godard, Claude Lelouch et Johnnie To qui lui fit tourner dans Vengeance un tueur mutique. Johnny avait aussi le sens de l’humour et l’a prouvé dans le dernier film de Guillaume Canet, Rock’N Roll, sorti en février 2017 où il s’amusait à se parodier et campait un artiste que son épouse surveille pour lui éviter les
excès et qui chante derrière les grilles de sa chambre, Les Portes du pénitencier.
Bref, si au cinéma, Johnny a tourné quelques vrais nanars, il a aussi marqué le grand écran de sa personnalité. Dommage qu’il n’ait pu mener à bien le projet de Jean-Pierre Melville qui envisageait de le faire tourner en 1969 dans Le Cercle rouge. Le mot (provisoire) de la fin à Jean-Luc Godard qui lui disait sur le tournage de Détective, avec Nathalie Baye, en 1985 : « Tu es un opéra, joue sur scène comme dans la vie, tu es inimitable.»
(*) Ed. Michel de Maule
Quelque chose de Johnny au cinéma.
D’où viens-tu Johnny, de Noël Howard (1963)
L’Homme du train, de Patrice Leconte (2002)
Jean-Philippe, de Laurent Tuel (2006)
https://youtu.be/1eMOhrgKUgs
Salaud, on t’aime, de Claude Lelouch (2014)

