BATTLE OF THE SEXES, de Jonathan Dayton et Valerie Faris – 2h01
Avec Emma Stone, Steve Carell, Andrea Riseborough
Sortie : mercredi 22 novembre 2017
À mon avis : 4 sur 5
Le pitch ?
La championne de tennis Billie Jean King remporte trois titres du Grand Chelem. Mais loin de se satisfaire de son palmarès, elle s’engage dans un combat pour que les femmes soient aussi respectées que les hommes sur les courts de tennis. C’est alors que l’ancien numéro un mondial Bobby Riggs, profondément misogyne et provocateur, met Billie Jean au défi de l’affronter en match simple…
Signé des deux réalisateurs de Little Miss Sunshine, ce film retrace un épisode que l’on avait un peu oublié, sauf si l’on est aficionado de l’histoire du tennis : celle du combat des femmes pour être traitées sur le même plan que les hommes, financièrement notamment, sur les courts de tennis américain. Et pourtant, l’évènement a marqué l’histoire de ce sport comme la société américaine : 30472 spectateurs assistèrent sur place au match; 50 millions via la télévision et on estime qu’il y eut encore 90 millions de spectateurs dans le monde. Or, la victoire de Billie Jean King au terme d’un match à rebondissements a changé la donne. Si, comme Margaret Court quatre mois plus tôt, elle avait perdu, le tennis féminin en aurait sans doute payé le prix.
En redonnant vie à ce match entre un champion de 55 ans face à son adversaire de 29 ans, ce biopic reconstitue habilement une époque, ses tenues, un climat fait d’ostracisme face à la population homosexuelle. Plus que le match lui-même, c’est la description de cette société américaine puritaine en diable qui touche dans ce film et on mesure à quel point en quatre décennies les mœurs ont évolué dans le bon sens. « Ce n’est pas juste un film sur le tennis, c’est un film sur la conscience sociale de cette époque» notait à la présentation du film à New York Billie Jean King, presque quarante-deux ans après le match.
Ce qui donne tout son sel à cette reconstitution d’un match où les femmes ont conquis plus de droits, c’est le jeu des deux comédiens. D’un côté, Steve Carell joue avec la puissance qu’on lui connaît ce joueur machiste et communicant aussi talentueux que lourd. « La place des femmes est dans la chambre à coucher et dans la cuisine », disait-il, provocateur. Quant à Emma Stone, elle fait une prestation impeccable dans le personnage de la championne qui, outre le stress d’un tel match et de ses enjeux, découvre sa bisexualité. Pour ce film, Emma Stone a du se mettre sérieusement au tennis. Elle dit : « J’avais dû jouer trois fois quand j’avais 12 ans.» Elle a même fait une session avec King en personne. En tout cas, le résultat est bluffant. Quant à Andrea Riseborough, elle incarne avec une belle finesse la jeune coiffeuse qui tombe amoureuse de la championne de tennis et qui, malgré la passion, s’efface pour ne pas troubler King quand son mari débarque à l’improviste.
Même s’il y a ici ou là certaines longueurs, ce film rend un bel hommage à cette femme qui fut plus qu’une championne de tennis. En 2009, elle a reçu des mains du président Obama la Médaille présidentielle de la liberté, plus haute distinction civile américaine. C’est dire l’aura de la désormais septuagénaire. Et comme la reconstitution de l’époque est finement faite, on se laisse prendre à ce jeu gagnant.


