UNE PAUMÉE DANS LA VILLE

JEUNE FEMME, de Léonor Serraille – 1h37

Avec Laetitia Dosch, Grégoire Monsaingeon, Souleymane Seye Ndiaye

Sortie : mercredi 1er novembre 2017

À mon avis : 4 sur 5

Le pitch ?

Un chat sous le bras, des portes closes, rien dans les poches, voici Paula : elle est de retour
à Paris après une longue absence. Au fil des rencontres, la jeune femme est bien décidée à prendre un nouveau départ.  Mais ce n’est pas si simple que ça dans l’anonymat de la grande ville.

2 raisons d’aller voir ce film ?

Un premier film réussi. Avec Jeune femme, Léonor Serraille n’a pas manqué son passage à l’acte avec le tournage de son scénario de fin d’étude de la Femis. Elle explique : « La genèse du film, c’était de faire le portrait d’une femme singulière, confrontée à la solitude dans une grande ville, le temps d’un hiver. Dans la vie, je tourne souvent autour de personnages contradictoires, sur la brèche. Il me semble qu’ils nous surprennent, nous déstabilisent, car même s’ils ne sont pas faciles à vivre, précisément, de vie, de tendresse, ils en sont pleins. Je suis attachée à ces tempéraments à la fois forts et vulnérables, trahis par leurs qualités, sublimés par leurs failles. »

En suivant les errances de Paula, qui est toujours nerveusement sur le fil du rasoir, en glissant sa caméra dans les pas de cette jeune femme paumée que son ex (un photographe de renom) ne veut d’abord par recevoir, Léonor Serraille  décrit aussi toute une société actuelle des petits boulots, des entretiens d’embauche, des petits chefs… Cela donne des scènes très justes comme celles où Paula tente de décrocher un job alimentaire comme celui de vendeuse de sous-vêtements féminins d’une grande enseigne parisienne ou ces moments où elle aborde avec un franc parler qui frise la naïveté les personnages rencontrés dans la rue.

Une composition étonnante. Laetitia Dosch aurait largement mérité, elle-aussi, un prix pour sa prestation étonnante dans la peau de cette paumée moderne. De séquence en séquence, la comédienne parvient à craquer, rebondir, s’adapter, rire… en restant en permanence crédible. Et, à chacun de ses passages dans des milieux différents, sa composition permet aussi de porter un regard satirique sur le monde moderne. Et dans les relations avec sa mère, campée par une Nathalie Richard impeccable, elle fait passer une grande émotion qui ne peut que toucher le spectateur. Conclusion de la cinéaste : « Je cherchais justement une comédienne qui puisse jouer toutes les couleurs du personnage mais également qui puisse contredire ce qui était écrit. Lætitia a une nature indéfinie, à la fois cash, joyeuse, vivante mais j’ai aussi vu une tristesse, qui correspond au côté brisé de Paula. »

Entre fantaisie et déprime, Laetitia Dosch parvient à interpréter parfaitement cette partition.

Tout pour la musique !

Pour son premier film, Léonor Serraille a fait appel côté musique original à Julie Roué, une musicienne basée à Paris, et rare compositrice de films en France. Pour accompagner les différents états d’esprit de Paula, la musicienne a conçu six morceaux évoluant  entre références électro clash, pop synthétique, rock, folk des sixties et chanson française. Une BO disponible sous le label Milan Music.

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