GRÉGORY GADEBOIS EN PÈRE RÉVOLTÉ

ESPÈCES MENACÉES, de Gilles Bourdos – 1h45

avec Alice Isaaz, Vincent Rottiers, Grégory Gadebois, Suzanne Clément, Eric Elmosnino et Alice de Lencquesaing,

Sortie : mercredi 27 septembre 2017

À mon avis : 4 sur 5

Le pitch ?

Trois destins familiaux entrelacés. Joséphine et Tomasz viennent de se marier dans l’allégresse. Mais bientôt, derrière le bonheur solaire des époux, les parents de Joséphine vont découvrir une réalité plus sombre. Mélanie, elle, annonce à ses parents qu’elle attend un bébé mais le père de l’enfant n’a pas du tout le profil du gendre idéal ! De son côté, Anthony, étudiant lunaire et malheureux en amour, va devoir prendre en charge sa mère, devenue soudainement incontrôlable.

Ce qui touche dans le film ?

En adaptant des nouvelles de l’auteur américain Richard Bausch, Gilles Bourdos mise sur le croisement de plusieurs histoires familiales sur fond d’un récit central : celui de la violence conjugale de Tomasz, un émondeur, issu d’un parcours modeste, employé par la ville de Nice. Au fil de l’histoire, il ne mise pas vraiment sur un film choral classique et tient à préciser évoquant son travail avec le scénariste Michel Spinosa : « Nous nous sommes efforcés de faire « lien sans liant » en nous laissant simplement guider par la logique de nos personnages. Les situations se répondent les unes aux autres, entrent en chambre d’écho, créent des effets de résonnances et des points de jonction… Construire un « film mosaïque », c’est à dire un « tout en morceaux », c’est aussi composer un objet à multiples facettes qui échappe par là- même à toute conclusion globalisante en terme de sens. »


Loin de l’univers de son film précédent, Renoir en 2013, dans lequel jouait déjà Vincent Rottiers, Gilles Bourdos signe un récit ancré dans un monde en crise, même si Nice, ville plus connue pour le strass que pour la misère, sert de toile de fond à son film. Il est vrai, c’est une Côté d’Azur filmée l’hiver avec très peu de monde qu’il filme, et des décors qui semblent quasi inhabités : HLM, sorties d’autoroute, bois isolé ou maison baroque remplie de poubelles. Tout concourt à faire ressentir au spectateur la solitude profonde de tous les protagonistes du film.

Pour donner sens à ces récits, il a fait appel à des comédiens qui forment un casting des plus crédibles. Si Vincent Rottiers joue dans un registre qui lui est habituel un gars dévoré par le stress et une violence interne, Grégory Gadebois montre, une fois de plus, sa sensibilité en campant ce père qui ne peut aller que vers le drame pour tenter de sauver sa fille. Avec Suzanne Clément, ils jouent un couple perdu et qui est dans l’impossibilité de communiquer avec leur enfant. Quant à Eric Elmosnino, il incarne, avec une grande finesse, ce père séparé et confronté à une fille qui lui annonce qu’elle est enceinte à un homme âgé de plus de quarante ans qu’elle, ce qui permet certains échanges non dénués d’humour et de vérité.

Le seul bémol dans ce récit rondement mené (la scène nocturne d’ouverture sur le mariage est une belle entrée en matière), c’est la chute floue comme si le réalisateur n’avait pas voulu -ou su – enfoncer le clou et clore ce récit en mosaïque.  De même, toute la partie consacrée à la mère délaissée et sombrant dans la déprime n’est pas une piste suffisamment exploitée.

Il n’en demeure pas moins qu’Espèces menacées est un drame fort.

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