ENTRE DOCUFICTION ET THRILLER RURAL

Mélange de drame rural et de thriller mental, Petit paysan est un film, très marqué par son propre parcours, par Hubert Charuel. Sur les écrans le 30 août.

Fils et petit-fils de paysans, Hubert Charuel a failli reprendre l’affaire familiale avant de se tourner et de réussir la Fémis. Avec Petit paysan, il est revenu à ses racines en tournant ce premier film ultra réaliste dans la ferme familiale – elle est située à Droyes, entre Reims et Nancy, à vingt kilomètres de Saint‑Dizier, la ville la plus proche – et avec des proches en figurants. L’histoire ? Pierre, la trentaine, est éleveur de vaches laitières. Sa vie s’organise autour de sa ferme, sa sœur vétérinaire et ses parents dont il a repris l’exploitation. Alors que les premiers cas d’une épidémie se déclarent en France, Pierre découvre que l’une de ses bêtes est infectée. Il ne peut se résoudre à perdre ses vaches. Il n’a rien d’autre et ira jusqu’au bout pour les sauver…

De toute évidence, ce scénario a été nourri des récits familiaux autour de la crise de l’élevage : que ce soit le coût du lait ou les crises de la vache folle et de la fièvre aphteuse. Il souligne : « Je me revois devant la télé, il y a un sujet sur la maladie, personne ne comprend ce qui se passe, on tue tous les animaux. Et ma mère me dit : « Si ça arrive chez nous, je me suicide ». J’ai dix ans et je me dis que ça peut arriver… Je me souviens de la tension qu’il y avait partout. Comme Pierre le fait avec sa soeur, les paysans appellent souvent leur vétérinaire, ils veulent être rassurés. Et Creutzfeld-Jacob était si particulier que les vétos ne savaient pas quoi dire. On ne savait pas par où passait la contamination, c’était la panique générale. Une paranoïa totale. »


Son film plonge le spectateur dans un thème : celui du basculement, notamment celui d’un mode de vie mais aussi de production car Pierre travaille à l’ancienne et ce danger le conduit à une paranoïa certaine car il craint par dessus tout la disparition soudaine.

Aux côté de Sara Giraudeau, en vétérinaire agricole, ou encore Bouli Lanners, sans oublier les proches de la famille du cinéaste, Swann Arlaud incarne ce paysan dont la santé mentale va déclinant. Pour lui permettre d’être le plus crédible possible, le cinéaste a fait faire un stage d’une semaine  chez des cousins de sa mère. « Vivre comme un paysan, travailler comme un paysan. Les cousins ne voulaient plus le laisser partir : « Il est hyper fort, on a besoin de lui… » », se souvient le réalisateur. Et le comédien de souligner : « J’ai déjà vu mon nom sur une affiche, mais ma gueule en gros plan cernée par des vaches, jamais ! »

Bref, un premier film qui a le mérite de l’originalité et traite d’un univers pas souvent abordé de la sorte au cinéma.

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