Grâce à deux films qui ressortent en salle ce 30 août – Profession Magliari, de Francesco Rosi et Le Veuf, de Dino Risi- on peut retrouver la grand Alberto Sordi au sommet de son art.
Grande figure du cinéma italien des années 60-70, Alberto Sordi fait partie de ces acteurs de la trempe des Mastroianni, Gassman et autre Manfredi qui ont porté l’âge d’or de la comédie italienne où ils campaient des personnages pas toujours reluisants dans un contexte social et politique particulier. Dans Profession Magliari et Le Veuf, sans nul doute le film le plus réussi des deux (ils
datent de la même année, 1959), Alberto Sordi est l’archétype du mâle veule et combinard, ce qui n’exclut pas une dose certaine de malchance.
Dans Le Veuf, il joue, dans une histoire truffée de rebondissements, un jeune entrepreneur plein d’initiatives mais qui commence à rencontrer de graves difficultés, et que son épouse méprise ouvertement. Dans un récit non exempt de cruauté, comme Risi aime les imaginer, Alberto Sordi donne libre cours à son talent dans un scénario délicieusement amoral.Dans Profession Magliari, Sordi change de registre pour incarner un Italien immigré en Allemagne qui dirige une bande de représentants de commerce, tentant de vendre des étoffes de piètre qualité et des tapis en utilisant des méthodes proches de l’escroquerie. Cette fois encore, Alberto Sordi se glisse à merveille dans cette tragi-comédie sur l’exil où, derrière l’humour parfois noir, se glisse une réflexion sur le déracinement, le choc des cultures et la lutte des classes.
Deux reprises qui permettent, fort à propos, de mesurer ce qu’est un grand comédien à l’œuvre, capable de capter tous les regards par une puissance comique qui peut, soudain, s’avérer inquiétante à souhait.
