GO HOME, de Jihane Chouaib – 1h38
Avec Golshifteh Farahani, Maximilien Seweryn, François Nour
Sortie : mercredi 7 décembre 2016
Je vote : 3 sur 5
Le pitch ?
Quand Nada revient au Liban, elle est devenue une étrangère dans son propre pays. Elle se réfugie dans sa maison de famille en ruines, hantée par son grand-père mystérieusement disparu pendant la guerre civile. Quelque chose est arrivé dans cette maison. Quelque chose de violent. Nada part à la recherche de la vérité.
Une mémoire du Liban. Avec ce scénario, Jihane Chouaib se confronte aux souvenirs douloureux de son Liban natal , déchiré par une si longue guerre. Elle raconte : « C’est surtout à l’amnésie collective du Liban que j’ai voulu me confronter ! C’est un pays dont la guerre civile a produit 17 000 disparus, fantômes errants, non-dits, encore sans sépulture – et dont il est impossible de faire le deuil. Go Home pour moi a été la tentative d’ouvrir la boite de
Pandore de nos mémoires d’enfants de la guerre, de réfugiés. Je voulais prendre le risque, par la fiction, d’aller voir ce qui s’y cache, d’affronter l’incompréhensible. » Avec le retour de Nada dans la maison délabrée quelque part dans les monts qui dominent Beyrouth et où habitait ses grands-parents, elle montre comment le passé revient par flash dans la mémoire de la personne confrontée à une guerre fratricide. Dans un quotidien en apparence apaisée, elle décrit à travers le regard de cette jeune femme qui n’a pas oublié ses cauchemars d’enfance comment le passé continue de hanter ceux qui survivent. La prestation de Golshifteh Farahani. Sans nul doute, le sujet a dû « parler » à l’actrice qui a fui l’Iran pour s’exiler en France à cause des pressions religieuses et politiques après qu’elle a a joué avec Leonard DiCaprio dans Mensonges d’État. Parvenant à passer d’une attitude de rêverie grave à des mimiques presque enfantines, boudeuses, du visage, l’actrice porte le récit de bout en bout au milieu d’une équipe mêlant acteurs professionnels. Pour autant, Golshifteh Farahani nuance le parallèle entre sa situation et celle de Nada. Elle souligne : « Je crois que c’est un peu différent car Nada a quitté son pays très jeune et donc est toujours à la recherche de ses racines. Quand on déracine un arbre tout jeune, il continue à grandir ailleurs sans trop de problème, mais quand on déracine un arbre de 25 ans c’est impossible de le replanter quelque part. J’ai quitté à cet âge l’Iran, donc pour moi il n’y a aucun doute, mon pays c’est l’Iran et nulle part ailleurs. »
Certes, le film peut parfois sembler manquer de rythme mais cette ballade de retour au pays natal ne manque ni de poésie, ni d’originalité. Outre le thème du déracinement, elle évoque aussi les lourds secrets de famille et les névroses qui en résultent.


