BAD BOY BUBBY, de Rolf de Heer – 1h48
Avec Nicolas Hope, Claire Benito, Ralph Cotterill, Carmel Johnson
Sortie : mercredi 11 novembre 2015
Je vote : 4 sur 5
Séquestré depuis sa naissance par sa mère, Bubby ignore tout du monde extérieur car elle lui a fait croire que l’air y était empoisonné. L’irruption de son père va bouleverser sa vie. Le jour de ses 35 ans, Bubby sort à l’air libre pour découvrir un monde à la fois étrange, terrible et merveilleux…
Voir ou revoir un film qui a fait du bruit à sa sortie. Raflant cinq prix à la Mostra de Venise 1993, dont le Grand Prix, le film déjanté de Rolf de Heer a conservé tout son côté corrosif avec, cerise sur le gâteau, une restauration très réussie. Car le portrait de cet adulte maintenu en
enfance par une mère qui… couche avec lui dans un réduit d’une crasse repoussante a de quoi en surprendre, voire choquer, plus d’un. Et de ses expériences sur l’asphyxie qui le conduisent à tuer avec une minutieuse préparation, à sa participation improvisée à un concert de rock dans un bar déglingué en passant par son hébergement dans un centre pour handicapés moteurs a de quoi déstabiliser plus d’un spectateur. Pour expliquer ses intentions, Rolf de Heer souligne : « J‘ai voulu faire un fil sur l’enfance, sur l’importance d’être aimé pour un enfant. Des recherches antérieures sur les tueurs en série m’avaient appris que presque tous, sans exception, ont eu une enfance meurtrie. Ce film est, pour moi, un plaidoyer pour l’enfance.«
Une mise en scène audacieuse. Ayant tourné l’opus sur près de trois ans, et vu défiler quelques 32 chefs opérateurs, Rolf de Heer a réussi la gageure de signer un film à la belle unité visuelle en soignant l’univers de séquences qui nous font passer d’un décor à un autre. Que ce soit l’appartement crasseux où est confiné Bubby que la salle du bar de nuit où il se produit avec le groupe de rock. Plaidoyer pour l’enfance, le film soulève aussi des questions – déjà ?- sur la situation écologique de ces contrées dévorées par l’industrialisation.
Porté par l’interprétation impeccable de l’étonnant Nicholas Hope, cette histoire décapante et qui fustige toutes les fausses croyances garde une indéniable puissance visuelle. A découvrir d’urgence.


