LENA, de Jan Schomburg -1h33
Avec Maria Schrader, Johannes Krisch, Ronald Zehrfeld, Sandra Muller
Sortie : mercredi 22 juillet 2015
Je vote : 4 sur 5
Quezako ?
Lena, 40 ans, perd soudainement la mémoire. Projetée dans une vie qu’elle ne connait plus, son mari et ses amis sont devenus des étrangers ; sa vie, une fiction qu’il faut inventer. Un choix s’impose alors à cette intellectuelle : retrouver qui elle était, ou devenir quelqu’un d’autre et changer radicalement de vie.
C’est sur le tournage de L’Amour et rien d’autre, que Jan Schomburg a eu l’idée du scénario de Lena, en écoutant à la radio le témoignage d’une femme qui « expliquait par le menu son amnésie ». Au point de ne rien se souvenir de son propre journal intime ! Il poursuit : « Ce qui m’a frappé, c’est qu’elle savait tout du monde qui l’entourait à l’exception des éléments liés à sa propre histoire. Elle était, par exemple, tout à fait consciente que Paris était la capitale de la France mais ne se rappelait pas de ses parents. Elle a également loué les attentions de son mari, qui a pris soin d’elle. Au début, elle le prenait pour un médecin ou un membre du corps médical. C’est lui qui a commencé à lui expliquer « qui elle était, à retracer son parcours
dans le but qu’elle redevienne « elle-même ». S’il a poussé la curiosité scénaristique
à parler à plusieurs reprises à cette femme au téléphone, il n’a pas pour autant signéla biographie de cette femme frappée d’un mal étrange.
Extrêmement bien jouée par Maria Schrader, grande actrice de la scène allemande, qui parvient à exprimer une grande nuance de sentiments sur son visage, tant elle est expressive, l’histoire décrit finement cette intellectuelle dotée d’une aura singulière et qui, du jour au lendemain, passe de l’autre côté des souvenirs. C’est d’autant plus intéressant qu’elle enseignait l’étude des genres, expliquait dans ses cours comment se construisait l’identité de chacun. Le choc traumatique qu’elle vit, et notamment parce qu’elle garde de grandes capacités d’analyse, est d’autant plus fort.Graduellement, on mesure comment cette femme est perdue dans la vie quotidienne, ne reconnaît plus vraiment son mari, même s’il reste très attentif à l’autre, et se met à vivre une autre existence. Tenter d’autres relations affectives. C’est subtilement mené même si le cinéaste ne tranche pas vraiment entre oublier son ancienne vie et se créer une autre identité. Et il y a des partis-pris cinématographiques intéressants notamment dans la scène finale tout à fait étonnante même si elle laisse toujours planer une ambiguïté certaine. Et dans certains plans en contre plongée qui semble tenir les personnages à distance comme si le cinéaste les examinait d’une manière presque scientifique.
Un film dont le scénario ne manque pas d’originalité et qui change du tout-venant cinématographique…


