Parce qu’ils n’avaient plus tourné ensemble depuis Loulou, de Pialat, en 1980, les retrouvailles de Gérard Depardieu et Isabelle Huppert dans Valley of Love, de Guillaume Nicloux, sur les écrans le 17 juin, fait figure d’évènement. Le film est aussi marquant par ce pèlerinage dans un désert d’un couple marqué par le deuil.

Valley of love n’est pas un scénario banal. Divorcés de longue date, un couple se retrouve dans la Vallée de la Mort, aux Etats-Unis, suite à un message étrange de leur fils, décédé six mois auparavant, qui leur a donné rendez-vous dans ce désert magique et glacial qui a servi de décors à des films aussi célèbres que Zabriskie Point, d’Antonioni et Les Rapaces, d’Eric von Stroheim. Au départ prévu pour Ryan O’Neal, le rôle masculin principal est finalement allé à Gérard Depardieu, ce qui a changé la donne pour Guillaume Niclous qui souligne : « Son arrivée m’a permis de finaliser l’écriture et nourri de son évidence. Son dialogue avec Huppert nous ramène à une exposition très intime de ce qu’ils sont et de ce qu’ils ont été. »

Pour Gérard Depardieu, ce récit tourné autour du deuil prend une résonance particulière après le drame personnel de la disparition de son propre fils Guillaume. Au Nouvel Observateur, il déclare sans détour : « Pour dire la vérité… ça m’a donné des ailes. Guillaume Nicloux, c’est Guillaume… Par moment, je ne savais pas auquel j’avais affaire, c’était infiniment troublant. Guillaume Depardieu aurait très bien pu écrire une histoire comme celle-là, c’était tout à fait son truc, à lui aussi. Tous deux ont en commun une espèce de rigueur qui ne met pas les autres à l’aise, une rigueur sans la carte. Et aussi une exigence terrible. Peut-être que Guillaume Nicloux a été tout au long de cette aventure celui que mon fils Guillaume n’a pas osé être avec moi, que je n’aurais peut-être pas supporté. Ce que j’ai accepté de Nicloux, je ne l’aurais sans doute pas toléré si c’était venu de Guillaume. J’ai l’impression qu’un mince couche s’est perforée, et qu’ainsi l’amour s’est montré. »

Un rôle qui a tout pour marquer la – déjà – longue filmographie de Depardieu qui termine le tournage du nouveau film de Benoït Delépine et Gustave Kervern, Saint Amour. Gérard Depardieu y joue un agriculteur en conflit avec son fils, joué  par Benoit Poelvoorde. Les deux hommes décident de se lancer sur la route des vins, à bord d’un taxi parisien… Avec deux tels tempéraments, on peut s’attendre à quelques surprises.