SAYAT NOVA – LA COULEUR DE LA GRENADE, de Serguei Paradjanov – 1h19

Avec Sofiko Chiaureli, Melkon Alekian, Vilen Galustian

Sortie de la version restaurée : mercredi 22 avril 2015

Je vote : 4 sur 5

Quezako ?

Evocation de la vie du poète arménien Sayat Nova, dont on situe l’existence entre 1717 et 1794 , à travers une série de plusieurs tableaux et huit chapitres.

Pourquoi revoir ce film en urgence ?

Ce  film du grand cinéaste Paradjanov fut censuré à sa sortie en 1968 car il avait été tourné en dialecte houtsoul (des Carpates ukrainiennes) et non doublé en russe ! Rapidement retiré des écrans, cet opus fit l’objet, trois ans plus tard, d’un remontage réalisé par le cinéaste : il  coupa à nouveau de nombreuses scènes et le renomma « Couleur de la grenade ». C’est dire que la version arménienne proposée aujourd’hui est une petite révolution car très fidèle au film d’origine, rêvé par Paradjanov.
Avec le recul, on ne peut qu’être fasciné par la vision poétique de Paradjanov qui n’a pas utilisé le récit linéaire mais a découpé l’existence du poète en tableaux vivants qui représentent les grandes étapes de sa vie, depuis sa plus tendre enfance.

On reste sous le choc d’un tel film novateur dont la liberté de ton, et le soutien aux intellectuels ukrainiens, ne pouvait que heurter les autorités soviétiques. D’autant plus que s’exprimant dans les trois langues du Caucase (géorgien, azerbaïdjanais et arménien), Sayat Nova est un symbole de l’amitié entre les peuples.

De plus, il est sur le plan de la mise en scène tout à fait audacieux et Paradjanov signe une fresque visuelle tout à fait magnifique et à laquelle la restauration rend toute la beauté originale. Il y a des scènes absolument splendides avec le troupeau dans l’église ou avec les tableaux sur les livres.  Parce qu’il est un ovni dans le cinéma et ne ressemble pas à autre chose, Sayat Nova fait partie des films dont il faut se laisser doucement imprégner pour en apprécier toute la puissance poétique et la symbolique politique.