L’HEROÏNE DE MIRBEAU DE NOUVEAU AU CINÉMA

Une femme de chambre qui a fait date au cinémaUne femme de chambre qui a fait date au cinémaUne femme de chambre qui a fait date au cinéma

 Adapté du roman célèbre d’Octave Mirbeau, Le Journal d’une femme de chambre sort le 1er avril dans la version de Benoit Jacquot avec Léa Seydoux dans le rôle-titre. Petit retour dans l’histoire de cette adaptation.

Paru en juillet 1900, Le Journal d’une femme de chambre est un nouveau roman où Octave Mirbeau fait œuvre subversive en donnant la parole à une simple servante. Et, à travers son regard indiscret, il donne à voir l’autre visage du « beau monde ». Il écrit ainsi : « On prétend qu’il n’y a plus d’esclavage… Ah ! voilà une bonne blague, par exemple… Et les domestiques, que sont-ils donc, sinon des esclaves ?… Esclaves de fait, avec tout ce que l’esclavage comporte de vileté morale, d’inévitable corruption, de révolte engendreuse de haines. »

Puissant le récit original a inspiré plusieurs adaptations au cinéma – dès 1916, ce le fut en Russie par un certain M. Martov- sans oublier le théâtre. Deux classiques du grand écran auquel vient s’ajouter aujourd’hui celui de Benoît Jacquot.

La version Jean Renoir

Sorti en 1946, le film réunit sur grand écran dans un conte cruel et fantasque Paulette Godard et Burgess Meredith. Mariés au début du film, le couple divorça quelques années plus tard.

Avec Luis Buñuel

C’est Jeanne Moreau qui campe brillamment l’héroïne cette fois. Il a choisi de situer son histoire en France en 1930, date à laquelle le grand cinéaste s’installa dans le pays. Fasciné par le fétichisme, Buñuel signe, une fois encore, une scène d’anthologie quand on voit Jeanne Moreau chausser des bottines à la demande de Rabour, le patriarche de la maison. Plus globalement, il avait mis l’accent dans l’histoire sur le climat de nationalisme antisémite de l’entre-deux-guerres. A la fin du film, se déroule une manifestation de groupes d’extrême-droite durant laquelle est lancée la formule « Vive Chiappe ! »? C’était le  préfet de police de Paris qui avait censuré, en 1930, L’Âge d’or ! Tout un symbole.

Le regard de Benoît Jacquot

Benoît Jacquot a centré son récit sur le désarroi d’une servante qui est prise au piège. L’histoire est pour le cinéaste l’occasion d’évoquer des questions actuelles, que ce soit l’antisémitisme, la discrimination sexuelle… Pour Léa Seydoux, cette composition est donc un rôle fort dans sa déjà riche carrière. Elle dit : « Un personnage comme Célestine, qui m’est étranger, je l’amène à moi, je lui donne mes propriétés. Tous ces rôles, ce n’est jamais que moi sous divers masques. » Et elle définit cette servante comme « pragmatique, en permanence dans la survie »

Evoquant les trois adaptations, Benoit Jacquot dit : « Leur point commun est d’être tiré du livre de Mirabeau. À part ça, ils sont si différents qu’il est difficile de les comparer. Ce n’était donc pas insensé d’en proposer un troisième. C’est du moins l’argument que je me suis donné. » Au téléspectateur de juger sur pièces.

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