TU SERAS UN HOMME, FILS !

le-petit-homme_p1LE PETIT HOMME, de Sudabeh Mortezai – 1h38

avec Ramasan Minkailov, Aslan Elbiev, Kheda Gazieva

Sortie : mercredi 25 mars 2015

Je vote : 4 sur 5

Quezako ?

A 11 ans, Ramasan est déjà un homme sous ses allures de petit garçon. Réfugié en Autriche avec sa mère et ses deux sœurs, il essaie de remplacer du mieux qu’il peut son père mort en Tchétchénie… L’arrivée d’Issa, un ancien ami de son père, va bousculer son quotidien.

Ce qui touche dans ce film ?

« Mon idée était d’illustrer le mot-clé « intégration » du point de vue des réfugiés. Quand on parle d’intégration, dans les médias notamment, c’est d’un point de vue extérieur : les migrants sont le sujet du débat, mais n’en sont jamais la parole. Mon but, aussi parce que j’ai vécu enfant ce processus de migration et d’intégration, était de présenter cette situation de l’intérieur » souligne le-petit-homme_p2Sudabeh Mortezai, née en Allemagne en 1968 mais qui a passé son enfance entre Vienne et Téhéran.

Fort connue comme documentariste, elle passe ici à son premier long métrage, en restant à la frontière de la fiction et du documentaire. Ainsi, elle a tourné ce scénario original dans le camp de réfugiés de Macondo de Vienne où vivent quelques 2 000 personnes. Et elle est parvenue à faire participer certains adultes dans sa fiction. Elle ajoute : « Leur participation au projet était essentielle à mes yeux. Je voulais que nous puissions travailler tous ensemble, qu’ils se sentent concernés, qu’ils soient impliqués. Il ne s’agissait pas simplement de faire de la figuration à l’écran. Certains d’entre eux ont aidé à l’aménagement des décors, d’autres aux repas. Nous avons ainsi demandé à des femmes tchétchènes et somaliennes de cuisiner pour tout le monde sur le plateau. Nous avons essayé de maintenir en permanence un rapport qui soit autant respectueux qu’égalitaire. »le-petit-homme_p4Tournant avec des acteurs non professionnels, la cinéaste parvient à montrer finement le parcours de ce jeune garçon en quête du père et qui vit une révolte permanente, notamment contre l’ami de ce paternel disparu en Tchétchénie et qu’il trouve trop proche de sa mère. L’histoire montre avec beaucoup de doigté la vie dans et aux abords de Macondo avec les relations internes à la communauté qui se retrouve dans des fêtes mais aussi à la mosquée et celles avec le monde extérieur où une xénophobie sourde est présente. Ce film est aussi une description sensible d’un enfant qui découvre sa masculinité par la force des évènements. Il le fait aussi face à Issa, l’ancien ami de son père, estropié au combat, et dont l’image n’est pas celle de l’ancien combattant dont Ramasan rêve en pensant à son père disparu.

Et le jeune Ramasan Linkailov fait une composition saisissante d’un pré-ado que la vie contraint de pousser trop rapidement.

http://www.cinema-comoedia.com/film/54628/embed/vo-fa1

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