FELIX ET MEIRA, de Maxime Giroux – 1h45

Avec Martin Dubreuil et Hadas Yaron

Sortie : mercredi 4 février 2015

Je vote : 3 sur 5

Quezako ?

Tout oppose Félix et Meira. Lui mène une vie sans responsabilité ni attache et n’a que le souci de dilapider l’héritage familial. Elle vit dans une communauté juive hassidique, est mariée et mère d’un enfant. Mais, elle s’ennuie dans son existence. Rien de les destinait à se rencontrer…

FÉLIX & MEIRA // TRAILER

Et alors ?

Natif de Montréal, Maxime Giroux a eu l’idée du scénario après avoir emménagé dans le Mile End, un quartier multiethnique de la ville qui abrite l’une des plus grandes communautés de Juifs orthodoxes dans le monde après celle de Jérusalem. Il poursuit : « J’ai immédiatement été intrigué par ses habitants, en particulier les Hassidiques. J’ai fait des recherches, je les ai observés et l’intérêt qu’ils suscitaient chez moi est devenu une véritable fascination. C’est cette fascination qui m’a permis de créer « Félix et Meira« . Un scénario en forme d’un amour impossible entre deux êtres aux vies diamétralement opposées. `

Le réalisateur parvient par petites touches à construire ses personnages. Attendant l’agonie de son père, qui a une belle fortune, Félix est un enfant qui n’a pas encore grandi et qui soudain est touché par le charme discret que dégage Meira. Elle est une jeune femme enfermée dans les traditions et qui aspire à la liberté même si, pour elle, la rupture sera comme un saut dans le vide.En utilisant le cadre hivernal de Montréal, qui réduit l’espace, le cinéaste transforme le décor en celui d’un théâtre qui éclaire d’autant plus les passions humaines qui s’y jouent. Tout passe par un regard, une rencontre fortuite, un détail qui fait sens. Il suffit de montrer la réaction du mari de Meira quand il découvre qu’elle écoute en secret de la musique pour mesure le poids de la tradition orthodoxe.

Montrant bien le choc de culture entre deux communautés à travers cette description d’un amour naissant, le film montre bien la vulnérabilité de deux êtres dépassés par ce qu’ils vivent. Si Martin Dubreuil est un vieil habitué du cinéma de Maxime Giroux, Hadas Yaron signe ici une composition empreinte de poésie et de mystère de la jeune femme. Et confirme un talent repéré au 69ème Festival de Venise par la Coupe Volpi de la meilleure actrice, reçue pour Fill The Void (2012).

Sans faire porter un regard lourd, sans juger, Maxime Giroux réussit une peinture juste de ces deux mondes qui se fissurent quand ils entrent en contact… Mention spéciale pour la belle photographie signée Sara Mishara.