BÉBÉ TIGRE, de Cyprien Vial – 1h27
avec Harmandeep Palminder, Vikram Sharma, Elisabeth Lando
Sortie : mercredi 14 janvier 2015
Photos Dharamsala & Darius Films
Je vote : 3 sur 5
Quezako ?
Many, 17 ans, dit Bébé Tigre, vit en France depuis deux ans et mène la vie d’un adolescent comme les autres, partageant son temps entre les cours, ses potes et sa petite amie. Mais les responsabilités que ses parents restés en Inde lui ont confiées, et la nécessité de leur envoyer de l’argent, vont obliger Many à chercher du travail et se mettre en danger.
2 raisons d’aller voir ce film ?
Un scénar original pour un premier film. On peut faire du cinéma social sans pontifier, ni donner des leçons. La preuve avec ce scénario qui a été inspiré à Cyprien Vial par des ateliers cinéma qu’il donnait dans un collège de ZEP à Pantin et où il a découvert la vie pas banale de certains enfants qui ont voulu évoquer dans le film annuel, la mixité, le dialogue.
Mais le thème de l’enfant mineur en danger n’est pas en soi-même un sujet de fiction. Et le cinéaste a eu l’idée de construire autour du personnage de Many, de sa relation quasi filiale avec son passeur, aussi bien bourreau que sauveur, de sa vie dans sa famille d’accueil, une histoire forte. Celle d’un gamin qui doit sortir ses griffes pour survivre, jouer avec les lois et l’administration pour parvenir à envoyer de l’argent à sa famille en Inde.
Evoquant aussi bien la manière se vivre de la communauté sikh, qui se retrouve autour de temple en France, que la vie scolaire, ou la love story naissante de Many avec une élève d’origine africaine, Cyprien Vial signe un film doté d’un certain suspense où l’on mesure le parcours du combattant d’un tel adolescent écartelé entre deux cultures et soumis à la loi des passeurs.
Ce n’est jamais pesant, souvent émouvant et jamais didactique, grâce à une caméra qui reste au plus près des acteurs, toujours prompte à saisir un détail, à mettre en valeur une situation. Et puis, il y a une direction d’acteurs d’autant plus forte que la plupart des comédiens sont débutants. A cet égard, Harmandeep Palminder, qui joue Many, surprend par l’intensité et la justesse de son jeu.
Un premier film qui a un ton, un rythme, de la pudeur et une vraie profondeur. Un jeune cinéaste au talent prometteur.
