LE COMBAT D’UN ABORIGÈNE

CHARLIE’S COUNTRY, de Rolf De Heer – 1h48

Avec David Gulpilil, Peter Djigirr…

Sortie : mercredi 17  décembre 2014

Je vote : 4 sur 5

8_CCA2455 - David Gulpilil as Charlie-2131_CCB9129 - Charlie (David Gulpilil) prepares to attack the policeL’histoire ?

Charlie est un ancien guerrier aborigène. Alors que le gouvernement amplifie son emprise sur le mode de vie traditionnel de sa communauté, il se joue et déjoue des policiers sur son chemin. Perdu entre deux cultures, il décide de retourner vivre dans le bush à la manière des anciens. Malade, il fait un détour par l’hôpital et, à sa sortie, sa rédemption prend un tour particulier…
Et alors ?

Plongeon dans la vie et les racines des peuples aborigènes d’Australie, ce film se situe entre documentaire et réalité, s’inspirant en partie du parcours de l’acteur principal, David Gulpilil, lui-aussi confronté à l’alcoolisme. Et, même si le comédien et co-scénariste du film n’a jamais piqué une bagnole de flic ni enseigné la danse à des enfants,  il a connu aussi la case prison comme le raconte le réalisateur : « Quand j’ai appris en 2011 que David était en prison, quelles qu’en soient les raisons, j’ai tout d’abord pensé que c’était une bonne chose, cela avait probablement sauvé la vie de David. Une tragédie avait ainsi peut-être été évitée. Puis je me suis demandé : pour combien de temps ?  » Quand il a réussi à retrouver trace de son ami comédien, ils ont donc imaginé par petites étapes ce récit.
Le film est donc l’histoire d’une rédemption mais il est également la description fine et cruelle des Aborigènes, un peu considérés comme des parias en Australie. Une ethnie coincée entre deux cultures et épuisée par les combats, les humiliations et un horizon barré.
35_CCA0729 - Charlie (David Gulpilil 25_CCA2156 - Charlie (David Gulpilil) in front of his humpy 

 

 

 

 

La force de ce film, c’est que Rolf de Heer ne joue jamais de la corde sentimentale mais met sa caméra dans les pas de Charlie pour mieux s’imprégner de sa souffrance et de son désarroi. Il y a même des moments d’humour comme lorsque sa voiture de police tombe en rade alors qu’il tente avec un vieil ami de gagner la Terre mère.

Rien n’aurait été sans doute possible sans la totale implication de David Gulpilil dans un récit en forme de thérapie, comme le raconte le réalisateur : « Pour que David puisse se réparer à travers ce projet, la force du film devait venir de lui. Il était nécessaire qu’il en devienne le protagoniste. J’ai décidé qu’il n’y aurait pas de dialogue écrit. David était donc libre de parler sa propre langue ou l’Anglais, comme cela lui viendrait. Je savais aussi que le personnage devait être proche de David, pour qu’il puisse improviser plus facilement et comprendre le qui, le où et le pourquoi du personnage à tout moment de l’histoire. »

De fait, par la profondeur de son regard, l’expressivité de son visage, l’acteur porte ce cri du cœur de bout en bout. Avec de moments de pure émotion comme celui où il tourne sous l’arbre de sa naissance et retrouve les gestes simples du peintre.

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