LA BELLE JEUNESSE, de Jaime Rosales – 1h43
avec Ingrid Garcia-Jonsson, Carlos Rodriguez, Amma Nieto, Fernando Barona
Sortie : mercredi 10 décembre 2014
Je vote : 3 sur 5
Natalia et Carlos, qui ont 20 ans, se battent pour survivre dans l’Espagne d’aujourd’hui. Remises de C.V., petits boulots, tournage d’un porno amateur : ils essaient de s’en sortir par tous les moyens. Face à une crise si profonde, les espoirs d’une vie meilleure se fragilisent. Et quand Natalia se découvre enceinte, ils doivent vraiment trouver une solution durable…
Et alors ?
Pas vraiment gaie la vie de la jeunesse espagnole dans un tel climat de crise ! Sans faire de grand discours et en décrivant « simplement » par le menu la vie quotidienne de ce jeune couple confronté à
l’absence de travail, Jaime Rosales signe une chronique acide de la société actuelle. Il le fait avec une grande sobriété, notamment en ne glissant aucune musique extérieure à la narration dans son film, ce qui évite de surligner la moindre séquence d’émotion. Et ça, c’est assez rare pour être signalé. Avec un tel récit assez sombre, le titre du film prend alors une consonance ironique et polémique.
Le fait d’avoir glissé aussi dans son scénario des références à l’industrie du pornographie – assez répandue en France – prend aussi une valeur symbolique. Entre la violence pornographique et celle d’une société qui prive sa jeunesse d’un accès « normal » au travail, il y a alors bien des similitudes.
Et si les voyages forment la jeunesse, celui de Natalia vers l’Allemagne a des allures de cauchemar éveillé. La force du film repose sur un casting solide, Ingrid Garcia-Jonsson en tête qui parvient à exprimer aussi bien la fragilité que la franche détermination de cette jeune fille prête à tout pour offrir un avenir plus radieux à sa fille.
Ce qui nuit à la puissance du film, c’est le choix d’intégrer des captures d’écran et des selfies pour résumer certains temps dans la vie du jeune couple. L’idée était bonne mais le montage un peu frustre nuit à la qualité du rendu. Et le procédé devient répétitif.
Une dénonciation juste pour un film dont la réalisation semble se chercher un peu…

