BODYBUILDER, de Roschdy Zem -1h44
Avec Vincent Rottiers, Yolin François Gauvin, Marina Foïs et Nicolas Duvauchelle
Sortie : mercredi 1er octobre 2014
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Quezako ?
À Lyon, Antoine, vingt ans, s’est mis à dos une bande de petites frappes dont il est le débiteur. Fatigués de ses trafics en tous genres, sa mère et son grand frère décident de l’envoyer à Saint-Etienne chez son père, Vincent, qu’il n’a pas revu depuis plusieurs années. À son arrivée, Antoine découvre que Vincent tient une salle de musculation, qu’il s’est mis au culturisme et qu’il se prépare intensivement pour un concours de bodybuilding. Les retrouvailles entre le père et le fils sont difficiles et tendues. Vincent accepte pourtant qu’Antoine travaille pour lui afin de l’aider à se sortir du pétrin dans lequel il s’est mis. De son côté, Antoine apprend progressivement à découvrir et respecter la vie que son père a choisie.
Roschy Zem réalisateur aime s’attaquer aux sujets sortant des sentiers battus et le prouve, cette fois encore, par cette plongée dans l’univers du bodybuilding. C’est en assistant à un championnat du monde qu’il a eu l’idée d’en nourrir un scénario et une histoire qui joue sur deux registres : la description quasi documentaire de la vie d’un de ces champions qui mènent une vie austère et le portrait d’une famille éclatée et d’un fils un brin paumé qui découvre ce père méconnu. « D’abord, j’avais imaginé un film autour d’un personnage féminin. Mais les femmes bodybuildées sont peu nombreuses en France, contrairement aux Etats-Unis, et puis la perte de féminité et toutes ses conséquences m’emmenaient vers un autre film. J’ai donc commencé à lire beaucoup de livres, à regarder toutes sortes de documentaires sur le bodybuilding, jusqu’au jour où l’on m’a apporté un documentaire intitulé « The bodybuilder and I », l’histoire d’un jeune Américain qui découvre son père à travers l’univers du bodybuilding. Nous avons donc acheté les droits du film et j’ai conservé sa trame« , souligne t-il.
On sent le cinéaste fasciné par cet univers marginal où la vie des champions est rythmée de manière quasi monacale avec un régime physique et alimentaire très dur. C’est là que réside la principale limite de l’histoire pour qui n’est pas vraiment fasciné par le bodybuilding, même si Roschy Zem soigne sa mise en scène et l’atmosphère, notamment dans les lumières.
Ce qui n’empêche pourtant pas le spectateur de trouver parfois le temps long. D’autant plus que l’on a le sentiment que François Yolin Gauvin semble souvent de ne pas faire de différence entre la réalité et la fiction. Il est vrai, le champion à la gueule très cinématographique ne rêvait pas de jouer. Comme le raconte le cinéaste : « J’ai trouvé Yolin Gauvin dans une compétition vétéran. Belle gueule, physique intéressant : il m’a plu. Après la compétition, je suis allé le voir en coulisses. Le scénario était en cours d’écriture mais j’avais déjà défini mon personnage comme taiseux, austère, et quand on s’est parlé pour la première fois, il m’a envoyé gentiment balader en me disant que le cinéma ne l’intéressait pas. Je me souviens avoir dit à un ami qui m’accompagnait ce jour-là : « Je crois qu’on a trouvé notre acteur ! ». Après cela, Yolin est retourné sur l’île de la Réunion et on s’est revus un an plus tard pour des essais. »
Beaucoup plus intéressante sont en revanche les relations entre les personnages et les acteurs dits secondaires. Jouant la maîtresse du champion, et un peu son souffre-douleur, Marina Foïs fait une composition très attachante de cette jeune femme aux cheveux rouges qui n’est pas dupe de cet univers. Elle souligne : « J’ai eu le même plaisir comme actrice que celui que j’ai comme spectatrice devant un documentaire : découvrir un monde qui m’est inconnu, entrer dans les détails de la vie des gens, leur quotidien… ça m’intéresse toujours, que je m’y reconnaisse ou pas. Et j’ai aimé avoir les cheveux rouges. Jouer cette femme qui reste derrière, modeste mais tatouée… » Vincent Rottiers est un jeune homme paumé, qui vit combines minables, très crédible. Confidences de l’acteur : « Antoine est un jeune voyou, un type qui n’a pas vraiment connu son père et qui commet des petits larcins. C’est le « Mado! des Minguettes » ! Pour ce qui est de la personnalité, Antoine n’est pas très éloigné de moi. »
C’est dans la description des relations familiales complexes que le film nous touche alors que cette plongée, sans vraiment de distance, dans cet univers du muscle peut laisser un peu indifférent le spectateur. Avec, en prime, un final qui manque de tonus et de surprise.


