PARTY GIRL, de Marie Amachouekeli, Claire Burger, Samuel Theis – 1h35
Avec Angélique Litzenburger, Joseph Bour
Sortie : mercredi 27 août 2014
Je vote : 4 sur 5
Angélique a soixante ans. Elle aime encore la fête, elle aime encore les hommes. La nuit, pour gagner sa vie, elle les fait boire dans un cabaret à la frontière allemande. Avec le temps, les clients se font plus rares. Mais Michel, son habitué, est toujours amoureux d’elle. Un jour, il lui propose de l’épouser.
2 raisons d’aller voir ce film ?
Présenté au dernier festival de Cannes dans la sélection Un certain regard, le film a fait sensation et il a reçu une Caméra d’or méritée, tant le trio de réalisateurs a signé une histoire naturaliste juste et émouvante en s’inspirant de l’idée originale de Samuel Theis, qui s’est inspiré de sa propre famille. Confidences des réalisateurs : « Le film dresse le portrait d’Angélique. C’est la mère de Samuel et le film met en scène sa véritable famille. Chaque membre y joue son propre rôle. Autour d’eux, pour incarner les autres personnages, nous avons choisi des acteurs non-professionnels. »
En lorgnant nettement du côté du cinéma de Cassavetes, les réalisateurs ne font pas qu’une simple copie de la réalité mais, à partir du fil conducteur du mariage annoncé, ils filment, d’une caméra collant aux personnages, des êtres qui se débattent dans la vie, sans jamais tomber dans le glauque. Même les scènes nocturnes dans ce cabaret de toutes les solitudes sont empreints d’une certaine poésie avec les séquences où l’on ressent la connivence de ces femmes de tout âge et doté d’un bel appétit de vie.
L’autre atout de l’histoire, c’est de nous plonger dans la vie quotidienne de la Lorraine pas vraiment beaucoup exploitée par le cinéma hexagonal. Les réalisateurs soulignent : « En faisant le portrait d’Angélique, à travers son histoire intime, c’est aussi toute une région et une classe sociale qui se racontent. En partant d’elle, on pouvait rendre compte de ce qu’est la vie d’une entraîneuse, ce qu’elle induit pour une vie de famille. Mais aussi parler de ces hommes de la région, anciennement mineurs. Que font ces gens, qui sont-ils, qu’ont-ils à dire ? Il s’agissait pour nous d’amener le cinéma en Lorraine, auprès de cette famille, de ces entraîneuses, dans des endroits où il n’a pas l’habitude d’aller. Ensuite il fallait élargir, accueillir et provoquer la fiction, le romanesque, la mise en scène. Ça, c’était un enjeu, un pari, effrayant parfois, mais excitant aussi. Nous avons constitué une équipe tout terrain, prête à nous suivre dans cette aventure. »
On ne peut alors être que sous le charme de tous ces acteurs d’un jour qui donnent une vraie épaisseur à leurs personnages respectifs. Avec, en tête de liste, Angélique Litzenburger, l’héroïne, maman stripteaseuse, très attachée à ses enfants, à leurs avis, malgré les aléas de la vie. C’est vraiment la découverte d’un nouveau talent tant elle parvient à exprimer le profond désir de liberté de cette femme, quitte à faire souffrir l’homme qu’elle aime. Par son jeu, elle nous fait partager toutes les interrogations d’Angélique avec une franchise qui force le respect et nous émeut. Les cinéastes commentent : « Angélique a eu le courage d’assumer pleinement son personnage. Dès l’écriture, elle n’a pas voulu mettre de voile sur les sujets
parfois complexes qu’on aborde avec le film : sa vie marginale, son rapport à ses enfants, aux hommes. Elle trimballe une vie passée dans le milieu de la nuit, avec la fête et l’alcool, mais aussi un mystère. »
Ils parviennent à vous faire partager un peu de ce mystère dans ce récit, joliment filmé, émouvant mais jamais racoleur.



