J’ARRÊTE QUAND JE VEUX, de Sydney Sibilia – 1h40
Avec Edoardo Leo, Valeria Solarino, Valerio Aprez, Paolo Calabresi
Sortie : mercredi 6 août 2014
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Quezako ?
Un groupe de brillants chercheurs universitaires italiens tente de sortir d’une impasse : trouver un travail. Ils décident alors de créer la drogue parfaite et légale…
Et alors ?
Pour son premier film, Sydney Sibilia -il a fait ses armes de réalisateur en signant de petits sports et des bandes annonces- s’est inspiré d’un entrefilet découvert en lisant la presse comme il le raconte : « Ma première source d’inspiration, c’est un entrefilet dans un quotidien qui avait pour titre « Ces éboueurs diplômés avec les félicitations du jury ». Il s’agissait de deux jeunes professeurs en philosophie bardés de master qui travaillaient pour l’AMA, la société chargée de la propreté de la ville de Rome. Deux éboueurs qui, à l’aube, pendant qu’ils balaient un trottoir, discutent de la Critique de la raison pure, voilà ce qu’a été la première, et pendant longtemps l’unique, image du film. » Cela donne un point de départ intéressant avec le portrait de ces chercheurs qui rament dans l’existence et décident de créer une drogue légale pour se faire du fric. De fait, en Italie, la loi « permet » de tels trafics. Il poursuit : « Presque personne ne sait qu’en Italie une drogue, pour être définie comme telle, doit être répertoriée dans la liste officielle des molécules illégales du ministère de la Santé. Si une molécule n’est pas dans cette liste, alors elle n’est pas considérée comme étant illégale. »
Pour donner corps à son récit, il a imaginé une savoureuse galerie de chercheurs un peu déjantés : de Pietro, le chef de bandes et qui doit mentir à sa ravissante épouse, Giulia, une assistance sociale qui aide les toxicos à s’en sortir, à Alberto, le chimiste du groupe qui refuse de lancer un produit sans le tester, ce qui produit certaines scènes loufoques. D’autant plus qu’Alberto est un brin enveloppé. En prenant l’Italie en crise comme toile de fond, Sydney Sibilia signe un récit acide où il brocarde une société gangrénée par les combines, la crise et le chômage.
Là où ce premier essai est moins réussi c’est dans le mélange de style avec un opus qui est inscrit dans la lignée de la comédie italienne mais multiplie aussi les clins d’œil à la comédie américain façon Very Bad Trip par exemple. Mais sans le rythme et les dialogues rythmés de celles-ci. La réalisation aussi manque parfois de punch et on a l’impression que le réalisateur a voulu multiplier les références aux grandes séries aussi avec des travellings nocturnes, un montage saccadé dès que l’action s’anime..
Au final, cette comédie, qui aurait pu être très noire, déçoit par un ton qui se cherche et ce, malgré l’enthousiasme communicatif de la bande de comédiens qui campent des héros très typés. Un tel scénario méritait mieux.
