LA JEUNE FEMME ET LA VIE

IL ETAIT UNE FOIS VERONICA, de Marcelo Gomes – 1h32

Avec Hermila Guedes, W. J. Solha, Joao Miguel

Sortie : mercredi 12 février 2014

Je vote : 2 sur 5

Photo 02 - Zé Maria (W. J. Solha) and Veronica  (Hermila Guedes) © Mauro Pinheiro Jr., ABCQuezako ?

Veronica est une jeune femme pleine de vie qui multiplie les rencontres amoureuses . Fraîchement diplômée en psychologie, elle se voit confier un poste à l’hôpital public de Recife. Mais la maladie  déclarée de son père et les nouvelles responsabilités médicales  vont la conduire à  remettre en cause sa vie très libre .

Ce qui touche dans le film  ?

Le portrait d’une jeune femme en crise. Filmé comme si Marcelo Gomes filmait le journal intime de Veronica -symboliquement, elle raconte  régulièrement sur un dictaphone-ce film est la description des questionnements et des états d’âme d’une jeune femme dont la vie est bouleversée par l’entrée dans la vie active et ensuite par la découverte de la maladie de son père avec lequel elle partage un appartement à Recife, grande ville de la côte nord-est du Brésil. Une région qui apparaît aussi dans le film via la bande originale où des morceaux de frevo, un genre créé à Pernambuco dans les années 1910 et que l’on joue durant le carnaval, dont Olinda, la ville voisine de Recife est un des bastions, ou de xote du Nordeste.

Photo 03 Gustavo Joao Miguel et Veronica Hermila Guedes - CapturePour le cinéaste, l’histoire est aussi une manière de revenir dans sa ville natale. « Je voulais décrire ma ville, montrer en quoi elle a changé : ses murs qui s’effritent et ses couleurs qui s’estompent. Je voulais peindre le portrait de ma ville à travers l’expérience intime de Veronica » dit-il. C’est la vieille ville du père de Veronica qui disparaît avec ses petites maisons qui se délabrent, ses vieux cinémas fermés pour laisser la place aux grands immeubles qui seront l’avenir de la ville mais bloquent l’horizon de Veronica. Ainsi dans la scène où, accompagnant son chant à la guitare, elle s’arrête soudain, le regard comme perdu sur le béton impersonnel d’un immeuble qui lui fait face.

Photo 04 Gustavo Joao Miguel et Veronica Hermila Guedes Photo  F GusmaoLe jeu des comédiens. Aussi à l’aise dans les scènes d’amour que dans les moments plus psychologiques où elle craque un peu, Hermila Guedes nous embarque dans les questionnements sur sa vie quotidienne. Et dans ses relations tendres avec son père, que campe admirablement W.J. Solha, un directeur de théâtre reconnu à Paraiba, dans le nord-est du Brésil.

Ce qui touche moins…

Une fois posé le décor et installé la relation forte entre Veronica et son père, une fois décrite son activité professionnelle dans l’hôpital où elle découvre les blessures de la vie quotidienne, le film peine à retrouver un deuxième élan, à nous embarquer dans les errances de cette belle jeune femme. On aurait aimé alors en savoir un peu plus sur la mère, ou sur ses amants de passage pour ne pas rester spectateur un brin voyeur de ses ébats amoureux. Cet opus offre certes  quelques belles séquences, quelques beaux moments psychologiques, mais il ne parvient pas pour autant à nous faire vibrer au rythme des émotions de Veronica. Et ce n’est pas le retour régulier et un peu répétitif vers l’océan où les corps semblent se plonger pour se purifier régulièrement qui suffit à donner du rythme au récit.

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