Rémi Julienne, grand nom de la cascade, a annoncé que son vieux copain de cinéma avait été emporté par « une longue maladie« . Le cancer a ainsi donné le clap de fin à ce grand nom du cinéma populaire des années 60-70. Salut Tonton !
Aujourd’hui où Georges Lautner est mort -87 ans- on se demande ce que son ami Audiard aurait pu lancer en guise d’éloges funèbres, lui qui avait le sens des mots et la réplique juste pour se sortir des maux. Certes, il avait lancé un jour « Mourrir saoûl, c’est mourir debout » mais il aurait sans doute trouvé bien mieux pour parler de son copain de tant de films dont certains sont devenus cultes. Georges Lautner a, en effet, passé devant sa caméra toutes les silhouettes du cinéma populaire des années 60 et 70 : les Ventura, Delon, Darc, Blier, Belmondo, Blanche… N’en jetez plus ! Les Barbouzes;, Flic ou voyou, Le Professionnel... la liste des films avec la Lautner touch est longue.
Mais, indéniablement, c’est un film qui marquera à jamais les années Lautner, un opus qui a cinquante piges cette année -il était sorti le 27 novembre 1963 et avait attiré plus de 3,3 millions de spectateurs en salles- Les Tontons Flingueurs. Depuis cinquante piges, le film dont Audiard a signé les dialogues qui claquent comme un coup de flingue a été diffusé à seize reprises à la télévision. Pour autant, Lautner a avoué à Philippe Lombard, l’auteur de L’Univers des Tontons flingueurs qu’il « n‘avait compris le miracle de ce fllm à travers les âges. »
Qu’importe ! Le film fait partie de ces incontournables du cinéma, marqué par des répliques qui n’ont pas pris une ride et sorties de l’esprit fécond d’Audiard du style : « Les cons, ça ose tout, c’est même à ça qu’on les reconnaît. » Ou encore, plus insolite : « C’est curieux chez les marins ce besoin de faire des phrases ! »
Rien que pour ce film, Lautner mérite sa place au Panthéon du cinéma français même si ce fils d’un joaillier d’origine viennoise et aviateur et de la comédienne Marie-Louise Vittore -alias Renée Saint-Cyr qui joue dans onze de ses films- n’a pas révolutionné le cinéma. Il en fut néanmoins un solide artisan, sûr de ses effets.Ce natif de Nice -il y était né un 24 janvier 1926- a, derrière son côté fêtard et dilettante connu des années cinématographiques fastes jusqu’au début des années 80. Après la mort d’Audiard (en juillet 1985), ses succès furent moindres -malgré La Maison assassinée, avec Bruel- et Lautner tournera son dernier film en 1992 avec Bébel : L’Inconnu dans la maison, qui ne fonctionna pas bien.
Le style de Lautner, c’était de donner du rythme à ses histoires. « Michel Audiard disait de lui qu’il était le roi des monteurs. Il avait la science du cinéma populaire » a ajouté dans son hommage Rémi Julienne, auteur de cascades dans bon nombre de ses films. En mars dernier dans une interview donné à France Culture -il y dévoilait comment le « poup-poup » des pistolets des Tontons avait été capté par un micro immergé dans une capote au fond d’une piscine et dont le son avait été monté à l’envers- il évoquait non sans nostalgie ces années de bonheur. Et avouait avoir du mal à téléphoner à des vieux amis comme Jean Piat avant de souligner : « Je deviens un vieux con, je ne sais plus comment m’y prendre. Et puis… Comment ils vivent leur vieillesse ? Je suis très inquiet. J’ai du mal à supporter la mienne, déjà… » Même Audiard n’aurait pas trouvé la formule pour le consoler de ce mal de vieillir… »
