UNE PALME D’OR POUR L’AMOUR

21000447_20130422161538164LA VIE D’ADELE, chapitre 1 et 2,  d’Abdellatif Kechiche – 2h55

 Avec Léa Seydoux, Adèle Exarchopoulos, Aurélien Recoing, Catherine Salée

Sortie : mercredi 9 octobre 2013

Je vote :  4 sur 5

Le pitch ?

À 15 ans, Adèle ne se pose pas de question : une fille, ça sort avec des garçons. Mais sa vie bascule du tout au tout  le jour où elle rencontre Emma, une jeune femme aux cheveux bleus, qui lui fait découvrir le désir et lui permettra de s’affirmer en tant que femme et adulte. Face au regard des autres Adèle grandit, se cherche, se perd, se trouve… dans une relation amoureuse passionnée.

Et alors ?

Primé alors que les manifs contre le mariage pour tous donnaient à l’histoire une résonance particulière, La Vie d’Adèle est,  bien plus qu’une « simple » histoire de relation homosexuelle,  la description d’une passion, du choc du coup de foudre aux émois de la rupture. Avec un talent consommé pour décrire l’univers des jeunes, Kechiche montre bien le monde du lycée où évolue Adèle, le réalisme des relations des copines, leur parler franc sinon cru, les tensions adolescentes. Ensuite, il revient sur un thème à lui cher : celui de transmission d’un savoir, de l’éducation. Fidèle au Marivaux de L’Esquive, Kechiche fait d’Adèle une institutrice en devenir, à l’écoute des autres. Et, chez elle comme chez Emma, il y a même importance de la vocation. Tout comme, sans enfoncer le clou, il décrit d’une scène, d’une réplique les clivages sociaux : il suffit pour s’en convaincre de comparer les deux dîners familiaux quand Emma et Adèle s’invitent l’une chez l’autre pour présenter leurs parents et beaux parents.

Kechiche réussit le parti très difficile  de décrire l’amour au féminin dans des scènes explicites en -clin d’œil à l’univers d’Emma- concevant ces séquences comme des tableaux. Une référence qui devient explicite dans la galerie d’art à la fin du film. Le cinéaste qui souligne :  » Ce à quoi j’aspirais quand on tournait ces scènes, c’était de montrer ce que moi, je trouvais beau. Nous avons donc tourné ces scènes comme des tableaux, des sculptures. On a passé beaucoup de temps à Cannes-La-vie-d-Adele-remporte-la-Palme-d-or_referenceles éclairer pour qu’elles soient vraiment belles, après, la chorégraphie de la gestuelle amoureuse se fait tout seule, avec le naturel de la vie. Il fallait les rendre belles visuellement donc, mais tout en gardant la dimension charnelle. » Le résultat est là et, sans aucune vulgarité, le film rend bien compte de l’explosion du désir. Comme il rend compte aussi de la force des sentiments – dans la joie comme dans la détresse- par l’usage régulier des gros plans qui semblent ausculter les âmes et leurs tourments.

Justement associées à la Palme d’Or par Spielberg lors de sa remise à Cannes, Léa Seydoux et Adèle Exarchopoulos forment le couple tout à fait extraordinaire de cette histoire. Si l’on connaissait la palette du talent de Léa, récemment exprimé dans un film comme Grand Central, on ne peut qu’être sous le charme de sa partenaire qui parvient à exprimer une foule d’émotions et à faire passer Adèle ‘dune adolescence tourmentée à une jeune femme . Au cœur de cette histoire d’amour, de rupture et de solitude sentimentale, cette jeune actrice se met à nue au propre et au figuré et signe une composition splendide. Et dire qu’elle n’était pas prévue à l’origine… En tout cas, elle pourrait bien faire parler d’elle lors des prochains Césars !

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