LE GRAND’ TOUR, de Jérôme Le Maire – 1h45
d’après un scénario de Benjamine de Cloedt, Jérôme le Maire et Vincent Solheid
Sortie : mercredi 24 juillet 2013
Je vote : 4 sur 5
Quezako ?
Août 2011 : une fanfare amateur emmenée par son Président s’est donné rendez-vous sur la place d’un petit village ardennais. Ils sont 10 amis de la quarantaine et ont décidé de se rendre au «carnaval du monde» de Stavelot qui n’a lieu qu’une fois tous les dix ans. Une marche de quatre jours à travers bois, sac au dos et instruments en bandoulière. Initialement, le projet de randonnée ne comportait qu’une seule étape, mais l’ivresse est trop belle et la bande décide de la prolonger, parcourant des centaines de kilomètres et traversant toutes les fêtes… Mais, au fil des semaines le groupe se disloque dans cette interminable marche. Un climat différent s’installe, moins festif, plus profond. Au début du printemps, ils ne sont plus que trois sur les routes…
Trailer: Le Grand’ Tour de Jérôme Le Maire par DVDPost
Et alors ?
« C’est une histoire d’humains », dit l’un des protagonistes de ce road movie étrange qui promène le spectateur entre documentaire et fiction sans qu’il sache vraiment s’il s’agit de la réalité ou d’une histoire un peu dingue de gars qui larguent les amarres et pètent un
brin les plombs dans une errance alcoolisée, voire cocaïnée.
Jérôme Le Maire reconnaît qu’il a, au bout de quelque temps, ressenti le besoin de construire son récit et de changer de caméra pour mieux capter cette errance qui part en quenouille. »Dans un premier temps, c’était beaucoup plus une manière documentée de tourner. Je les laissais être eux-mêmes. A partir d’un certain moment, on a pris les choses en main et on leur a clairement inventé des histoires, toujours nourries par le réel. J’ai été mettre, sur la personnalité de certains, un « capuchon fictionnel ». C’était très particulier », dit-il. Avec une règle simple : « Les gars avaient seulement trois consignes, précise le réalisateur. Ne pas regarder la caméra, ne pas parler du film et s’ils voulaient s’en aller en cours de tournage, ils devaient le faire devant la caméra et trouver un prétexte. »
Avec une multitude de rencontres -la plus étrange est celle qui les conduit à passer une nuit dans la chapelle d’un vieux château médiéval où les accueille un vieux belge original- ce road movie, d’abord hymne à la fraternité, tourne petit à petit à la quête d’une autre façon de vivre, à un retour à la nature. Artiste protéiforme belge comme il se définit sur son site, initiateur du projet, Vincent Solheid le reconnaît : « Sans jouer au mystique à tous prix, je me sens très bien là-dedans : dans le silence, dans la marche qui dure et qui dure. Cela correspond à mes expériences et à mes aspirations. Le côté excessif des fetes m’a abîmé. Je tends à aller vers quelque chose de plus calme. J’aime les bois, l’odeur du feu, le silence… »
Ce genre de récit me laisser parfaitement le spectateur de marbre. Il peut aussi susciter sa curiosité, voire l’énerver devant le côté grands enfants qui ne savent pas vieillir et cultivent les joies de la dive bouteille comme pour mieux fuir la réalité. En tout cas, ce Grand’ Tour a tout pour surprendre son monde et ne pas laisser indifférent. C’est déjà un atout, non ?
