POURQUOI KUROSAWA EST INCONTOURNABLE…

21012047_20130612153118238LES 7 SAMOURAÏS, d’Akira Kurosawa – 3h26

Avec Toshirô Mifune, Takashi Shimura, Keito Tsushima, Yukiko Shimazaki

Sortie de la version restaurée : mercredi 10 juillet 2013

Je vote : 5 sur 5

Quezako ?

Au Moyen-Age, au Japon,  la tranquillité d’un petit village stiué au milieu des collines est troublée par les attaques répétées d’une bande de pillards qui volent, tuent, violent… Sept samouraïs sans maître acceptent de défendre les paysans impuissants.


3 raisons d’aller revoir ce film ?

Dans cette version restaurée, on redécouvre un pur chef d’œuvre qui tient en haleine le spectateur pendant près de quatre heures ! En décrivant l’union socialement contre nature dans le Japon de cette époque entre paysans et samouraï, Kurosawa décrit avec une infinie précision une relation sociale, des tensions, des alliances, tout en dressant le portrait subtil de tempéraments humains. Entre 21012044_20130612153117254les sept samouraï, unis pourtant par le même code d’honneur, il y a toutes les nuances des comportements humains. De Kyozo (remarquable Seiji Miyaguchi) qui fait référence à  Miyamoto Musashi, sabreur mythique de l’histoire du Japon à Kikuchiyo -éblouissant Toshirô Mifune- qui symbolise le guerrier marginal, rebelle à tout ordre et dont le destin ne peut être que tragique.

Un tournage aussi épique que l’histoire elle-même. Si le tournage  a commencé le 15 mai 1953, il a connu une durée exceptionnelle : près d’un an ! Ce qui a entraîné une inflation des coûts de production tout en conduisant le cinéaste à adapter son histoire aux saisons. Un hiver rigoureux lui a ainsi inspiré les scènes étourdissantes de combat sous une pluie diluvienne dans un terrain couvert de boue glissante où le moindre pas semble une descente en enfer. Ce  tournage fut rallongé par le perfectionnisme de Kurosawa. Le chef accessoiriste a utilisé par exemple des cendres de bois répandues sur le sol pour donner des tourbillons de poussière donnant un relief particulier aux galop des chevaux. Cinématographiquement, Kurosawa a aussi innové en permanence, se jouant de manière géniale, de l’utilisation de plusieurs caméras et de diverses focales pour conférer un réalisme stupéfiant aux scènes de combat.

21012043_2013061215311366Adoptant les trois temps classiques du théâtre Nô -prologue; destruction-rupture; accélération- Kurosawa signe un récit où il décrit par le menu la vie de toute une communauté avec l’introduction, au milieu de cette page épique, de l’histoire d’amour perdue entre la jeune fille et le samouraï peu aguerri au combat. Ce qui donne lieu à des séquences absolument sublimes comme leur rencontre au milieu d’un parterre de fleurs.

A revoir un tel film, on mesure la puissance d’inspiration d’un cinéaste qui signait, avec ce quatorzième opus, sa première incursion dans la période des guerres civiles qui embrassèrent le Japon au XVIème siècle. Soixante ans après sa sortie, Les 7 Samouraï demeurent une œuvre majeure du cinéma et d’un cinéaste qui disait : « Un film intéressant, ce sont des histoires vivantes avec des personnages inoubliables ».

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