LE TEMPS DE L’AVENTURE, de Jérôme Bonnell – 1h45
Avec Emmanuelle Devos, Gabriel Byrne, Gilles Privat
Sortie : mercredi 10 avril 2013
Je vote : 3 sur 5
L’histoire ?
Une journée à Paris. Comédienne sur le point de filer jouer, à Roubaix, La Dame de mer, d’Ibsen, Alix croise un inconnu, anglais, venu pour enterrer un ami. Des échanges de regard, le souffle de la passion. Doit-elle partir ou céder à cet amour d’un jour ? Et si la vie d’Alix basculait…
Jérôme Bonnell est un cinéaste qui aime jouer sur les émotions mais sans jamais se départir d’une grande pudeur. Il le prouve avec cette histoire d’amour et de sexe qui se déroule sur une longue journée : celui de la fête de la musique qui fait contraste avec le déclic de cette rencontre, un deuil. Cette histoire est portée par le jeu subtil d’Emmanuelle Devos qui parvient à exprimer une étonnante palette d’émotions. Elle souligne : « C’est un film qui arrive à point nommé dans ma vie. Il m’a filmée au même passage qu’Alix, au moment charnière où elle passe de la jeune femme à la femme… Je ne suis pas Alix mais je suis à cet âge clé où on glisse insensiblement d’un état à un autre. C’est merveilleux quand le cinéma s’invite ainsi chez vous, fixe quelque chose que vous êtes en train de vivre. »
Face à elle, Gabriel Byrne joue à l’opposé un homme énigmatique qui se protège derrière une carapace. Le choc entre ces deux tempéraments n’en est que plus parlant. La comédienne avoue d’ailleurs qu’elle a été « terriblement impressionnée » par son partenaire. « La première fois que je rentre dans sa chambre, avant que l’on s’embrasse, l’ingénieur du son a dit qu’on entendait mon cœur battre dans le micro ! J’étais tétanisée. Et puis il a fallu gérer sa pudeur. Il a dû se faire violence dans les scènes d’hôtel. Avec lui on a commencé par les scènes du train. Il ne voulait pas me voir avant, il préférait me découvrir en situation… mais il a été obligé de m’apercevoir pendant le maquillage. »
Le thème du film, le choix d’une certaine lenteur pourra en dérouter certains. Mais, Jérôme Bonnell sait se jouer des émotions fortes en les tempérant de situations étranges et d’humour. Ainsi, à l’heure de l’invasion des mobiles, Alix s’obstine à communiquer par les cabines publiques, et ce d’autant plus qu’elle a une annonce à faire à son compagnon qui ne décroche jamais son téléphone, ce qui confère une certaine intensité dramatique à cette relation à distance. Enfin, il y a des vrais moments qui provoquent le sourire. Ainsi, dans cette scène d’audition où Alix joue la même scène -de téléphone- sur deux registres diamétralement différents, à la demande d’un assistant qui fait des auditions à la chaîne.
Une petite musique des sentiments qu’indéniablement le cinéaste sait orchestrer à sa façon.

