INCH’ALLAH, d’Anaïs Barbeau-Lavalette – 1h41
INCH’ALLAH from micro_scope on Vimeo.
Avec Sabrina Ouazani, Evelyne Brochu, Sisian Levy
Sortie : mercredi 4 avril 2013
Je vote : 3 sur 5
Dans un camp de réfugiés palestiniens en Cisjordanie, Chloé, jeune sage femme québécoise, accompagne les femmes enceintes. Entre les checkpoints et le mur de séparation, Chloé rencontre la guerre et ceux qui la portent de chaque côté : Rand, une patiente avec qui elle va rapidement se lier d’amitié et Ava, jeune militaire, voisine de palier en Israël. Pour Chloé , c’est le début d’un voyage qui fait voler en éclat bien des certitudes.
Pourquoi aller voir ce film ?
Pour Anaïs Barbeau-Lavalette, la Palestine est une vieille histoire. Le tournage d’un documentaire, Si j’avais un chapeau, l’a poussé à y séjourner à plusieurs reprises et à apprendre même l’arabe. « J’ai été ébranlée à plusieurs reprises, particulièrement comme femme. Plusieurs fois je me suis demandée ce que je faisais là. Dans une société aux antipodes de ce qui me définit dans ma chair, dans mon âme : la liberté. Puis j’ai compris que c’est sans doute ce paradoxe qui m’interpellait. Le fait que ce lieu que j’aime, si riche de ses gens, de ses résistants du quotidien, soit privé de cette liberté qui est essentielle à l’être humain » raconte t-elle. En 2010, elle y a aussi tourné Se souvenir des cendres-regards sur Incendies, un doc qui portait sur les réfugiés ayant participé au film très fort de Denis Villeneuve. Pour ce deuxième long métrage de fiction, elle a donc choisi de rester dans ce pays déchiré par les guerres et où les communautés tentent de vivre dans un climat permanent de peur, de danger.
Mais, pour aborder l’atmosphère de ces deux communautés qui se déchirent depuis des décennies, elle a choisi de suivre trois femmes très différentes et réunies par Chloé qui semble un peu le double de la cinéaste. Au mesure que l’histoire se déroule, cette sage femme venue du Québec voit ses certitudes s’envoler et semble happée par ce conflit qui la dépasse. La cinéaste souligne : » Au fur et à mesure, le personnage de Chloé devient un champ de bataille. Elle est avalée par la guerre. Elle ne peut pas rester simple témoin. C’est ce que j’avais envie d’exprimer. Dans un tel contexte, nos barrières de protection tombent. Tout ce qui nous forge est menacé. C’est ça, la guerre. Elle peut entrer en nous et nous ravager. »
De Ramallah à Jérusalem, via le mur de séparation et Tel Aviv – et même si une grande partie de l’histoire a été tournée en Jordanie à Amman- Inch’Allah parvient à éviter bien des pièges, sans doute parce que la réalité quotidienne est vue à travers le regard de ces trois femmes. Sans oublier la présence des enfants qui sont porteurs autant d’espérances que de violences futures, compte-tenu du contexte politique. La cinéaste ajoute : « Mon regard sur les Israéliens et les Palestiniens n’est pas politique. Je raconte l’histoire d’une femme prise en étau. J’avais envie de dire qu’on n’est à l’abri de rien et que confronté au pire, même
nos balises morales, que l’on croit si fortement ancrées, peuvent s’écrouler. » C’est ce qui rend ce voyage en Palestine émouvant et attachant, même si certaines scènes sont un brin attendues, comme celle de l’accouchement au poste-frontière.

