CES MAMAS QUI CHASSENT AU KENYA…

paradiselove_horizontalpressphotoPARADISE LOVE, de Ulrich Seidl – 2h00

Avec Margarethe Tiesel, Peter Kuzungu, Inge Maux, Dunja Sowinetz

Sortie : mercredi 9 janvier 2013

Mon avis : 3 sur5

Quezako ?

Sur les plages du Kenya, des femmes vieillissantes s’offrent la compagnie d’hommes jeunes, en vivant parfois des moments de totales désillusions. Teresa est une de ces sugar mamas, comme on les surnomme sur place et elle vit plusieurs relations avec des hommes différents, en rêvant d’un amour sincère

Et alors ?

Premier volet d’une trilogie consacrée aux femmes dans des situations radicalement différentes, ce film d’Ulrich Seidl  traite d’un sujet rarement abordé au cinéma : la quête d’amour des femmes mures dans les pays africains. Le cinéaste raconte : « La trilogie s’est développée à partir de plusieurs points de départ, notamment mon envie persistante de faire un film consacré aux femmes de cinquante ans et plus, ou encore mon intérêt pour le tourisme de masse. Avec ma femme Veronika Franz, nous avions développé un scénario sur ce dernier thème, qui racontait six histoires d’Occidentaux passant leurs vacances dans des pays du Tiers-Monde, et qui parlait déjà du tourisme sexuel. Ce scénario est ensuite devenu l’histoire de deux sœurs et de la fille de l’une d’elles. Ces trois femmes en quête d’un homme ne répondent pas aux critères de beauté habituels. En reprenant les termes de Houellebecq ou Jelinek, on pourrait même dire
paradiselove_pressphoto7qu’elles sont dévalorisées sur le marché. Ce qui explique qu’elles cherchent à assouvir autrement leur besoin d’amour ou de sexe, notamment avec des Africains. »

En filmant à son habitude selon un axe chronologique, improvisant dialogues et scènes avec les comédiens, le cinéaste confère un grand réalisme à son histoire avec une caméra qui colle au plus près de ces femmes seules qui essaient de combattre la solitude et de retrouver le plaisir sexuel, le temps de cette escapade kenyane. Impudique, sa caméra colle au plus près du corps des protagonistes pour des étreintes passagères sous le voile des moustiquaires. Le réalisateur dit  : « J‘aime filmer les acteurs de très près, les montrer tels qu‘ils sont vraiment physiquement, sans maquillage. C‘est dans cette absence d‘artifice que l‘on retrouve une certaine beauté. »
Ce que confirme Magarethe Thiesel qui est très touchante dans le personnage de Teresa, tour à tour émouvante dans sa quête d’un amour impossible, que dure, cassante.Elle dit : « Une chose importante, c’est que les acteurs n’avaient pas de scénario, de sorte que le suspens montait avant le tournage. Ulrich Seild me disait toujours juste quelques minutes à l’avance ce qu’il attendait de moi. » Il n’hésite pas enfin  à filmer les corps nus de ces femmes mures auxquelles ces rencontres d’un jour permettent de se sentir, un temps, à nouveau désirées.

paradiselove_pressphoto1Alors, bien sûr, un tel sujet ne peut laisser indifférent tant Ulrich Seidl décrit le parcours au Kenya de ces femmes par le menu, entre bière chaude dégustée dans un bar de plage, séance d’amour sous une moustiquaire décolorée, et discussions entre quinquagénaire en chasse, se moquant de leur physique avec une certaine auto-dérision. Mais, là où le film crée un malaise c’est dans certains propos sur les Africains, certains réflexions sur leur comportement qui sonnent parfois comme xénophobes, sans doute parce que le cinéaste prend le parti de nous plonger au plus près de ces dames qui chassent. Derrière la dénonciation du pouvoir du fric, il y a une certaine condescendance à l’égard de ces Africains qui ne cessent d’être ambigüe. En 2005, Laurent Cantet avait traité du même thème dans Vers le sud, où Charlotte Rampling campait une de ces touristes sexuelles en Haïti et il avait nettoyé ses dialogues de tels propos à double sens. C’est ce qui fait la limite de Paradis Love et ne peut être passé sous silence sous prétexte que le thème du scénario est fort.

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