2/DUO, de Nobuhiro Suva
Avec Yu Eri , Hitedoshi Nishijima
Sortie : mercredi 31 octobre 2012
Je vote : 3 sur 5
Quezako ?
Vendeuse , Yu habite avec Kei, un acteur fauché qui vit en lui empruntant quotidiennement de l’argent. Le jour où Kei lui propose soudain de l’épouser, cette demande inattendue plonge le couple dans une vraie crise.
Ce qui touche dans ce film ?
Depuis ce premier film tourné en 1997 et inédit en France, Nobuhiro Suva est un des cinéastes japonais contemporains marquants. On se souvient par exemple de M/OTHER qui avait été remarqué à Cannes en 1999. Dans ce premier long métrage, il s’attachait à filmer non pas la crise d’un couple mais les ondes destructrices qu’elle provoque par vagues. Avec, comme point de départ paradoxal, une demande en mariage qui déclenche la révolte de Yu alors qu’elle a subi jusque-là bien des « affronts » plus grand de son partenaire. Avec une économie de moyens étonnantes -le choix d’une seule focale par exemple qui confère une unité visuelle à ce film- le cinéaste se joue d’un espace dramatique réduit pour installer son couple, en l’occurrence ce petit appartement encombré d’objets qui renforce le côté oppressant de cette vie à deux quand soudain un évènement provoque une fissure.
L’autre touche du cinéaste, c’est de s’être librement inspiré de la vie de Yu Eri. Il raconte : » Juste avant que le tournage ne commence, elle m’a fait une proposition. Elle m’a dit que je pouvais me baser sur son propre vécu pour façonner celui de son personnage. De façon concrète, cela veut dire qu’elle m’autorisait à aller interviewer ses parents où à l’interroger elle-même sur son passé. Elle m’a dit que cela ne la dérangeait pas, puisqu’il s’agissait d’un film de fiction et que je ne me servirais de sa réalité que comme d’un modèle. C’est donc elle qui m’a fourni la matière pour créer le personnage de Yu. »
L’autre force du film tient sans doute à la manière dont Nobuhiro Suwa a laissé les dialogues se créer sur le plateau pour donner plus de puissance encore au jeu des acteurs, tout en les maintenant en tension. « Chaque prise a été jouée comme une expérience unique, raconte t-il. L’équipe technique s’est très bien adaptée à la spontanéité du tournage. Plutôt qu’un film basé sur l’improvisation des acteurs, je dirais que c’est le tournage lui-même qui était une forme d’improvisation unique. » Ainsi, il y a comme une urgence dans les scènes pour que se dessine au final le portrait d’une femme qui renaît à la vie en retrouvant sa liberté loin d’un compagnon qui a longtemps exploité sa tendresse.



