RÊVE DE SILENCE, de Jaime Rosales – 2h00
Avec Yolanda Galocha, Oriol Rosello, Jaume Terradas, Laura Latorre
Sortie : mercredi 3 octobre 2012
Je vote : 3 sur 5
Le sujet ?
Yolanda, enseignante, et Oriol, architecte, vivent à Paris avec leurs deux filles. Durant des vacances dans le delta de l’Ebre, au sud de la Catalogne, le père a un accident de voiture où une des enfants est tuée. Un choc dans leur existence : comment retrouver le goût de vivre quand, en prime, le père a connu une sorte d’amnésie passagère…
Et alors ? Ni le thème du film -le patient travail de deuil- ni la manière de raconter -le noir et blanc en 35 mm- ne font de cet opus un objet commercial. Mais Jaimes Rosales aime s’attaquer à la pâte humaine, tenter de percer avec subtilité la psychologie de ses protagonistes sans user du moindre pathos qui aurait été, vu le thème, la voie la plus facile. Ouvrant son film par une séquence de peinture accélérée signée Miguel Barceló, il donne d’emblée un cadre à son histoire.
Ce choix du cadre, comme une fenêtre ouverte sur la vie, c’est symboliquement l’œil du cinéaste qui situe son point de vue avec le désir de suivre les moindres mouvements des âmes en désordre. Il souligne : « Les petits gestes, les regards m’intéressent. Les émotions incontrôlables. Observer avec attention m’intéresse. Chaque individu a un moi qui se cache sous plusieurs strates. » Alors Rosales tente de faire émerger à petites touches, comme les petits coups de pinceau d’un peintre, la réalité avec le plus de précision possible. Avec le parti-pris du noir et blanc et ce grain si particulier. Il ajoute : « Le grain du noir et blanc donne une consistance extraordinaire au film. Une grande sensation physique, matérielle. » Si l’on peut s’interroger sur l’irruption d’un plan en couleurs au sein du récit, ce choix austère du noir et blanc donne incontestablement un souffle certain à son récit.
L’autre surprise d’un film original, c’est le jeu des acteurs. Son scénario ne contenant pas de dialogues établis, Rosales a communiqué le contenu dramatique des scènes avant le tournage pour laisser les comédiens libres de jouer selon leurs émotions. Il raconte : « On ne répète pas les prises de vue, nous ne définissons pas non plus plusieurs angles de prise de vue d’une même scène ou situation. L’improvisation initiale est unique, vraie et singulière. »
Tout ceci concourt à créer une atmosphère singulière qui déroutera un spectateur habitué à un cinéma qui bouge, à une musique omniprésente et à un montage tape-à-l’œil mais ce récit ne laisse jamais indifférent.
