GUILTY OF ROMANCE, de Sono Sion – 1h52
Avec Megumi Kagurasaka, Miki Mizuno, Makoto Togashi, Kanji Tsuda
Sortie : mercredi 25 juillet 2012
Mon avis : 3 sur 5
Mariée à un romancier célèbre, Izumi mène une monotone de femme marié, sans tendresse et sans relations sexuelles. Un jour, elle accepte de poser nue et mime ensuite une relation sexuelle devant la caméra. Quelque temps après, elle rencontre un homme et commence à vendre ses charmes…
Et alors ?
D’emblée, le troisième volet de la « trilogie de la haine », de Sono Sion – après Love Exposure et Cold Fish, surprend par sa beauté formelle. Grâce àune mise en scène alternant les scènes rythmées avec caméra très mobile et des moments plus posés, où les mots prennent toute leur importance, Sono Sion tient le spectateur par la main de bout en bout même si, parfois, les images sont à la limite du soutenable, notamment dans les séquences qui entourent le meurtre rituel. Aussi « beau » que sadique.
Ensuite, il y a une utilisation subtile de la couleur dont le réalisateur se sert à la manière d’un peintre. Sono Sion souligne ainsi : « Le rose projeté suite à l’explosion des balles, est la couleur de l’instinct humain voire celle d’un désir inavouable : un désir qui doit rester dissimulé avant de s’écouler comme des flots de métal fondu. L’autre couleur importante est le noir. Il
s’harmonise avec le rose. Une des phrases prononcées dans le film est « les ténèbres sont plus épaisses que l’ombre » : de fait, pour les gens qui vivent dans l’ombre, le noir est une couleur qui leur donne l’impression du paradis. »
Ensuite, porté par le jeu des actrices qui osent bien des situations, ce film décrit avec crudité le parcours de femmes -et d’hommes aussi- blessés par cette quête éperdu de l’amour. Ce film apparaît comme un hymne aux femmes, face à des mecs souvent lâches, veules. Sono Sion dit justement : « Au final, ce film ne fait preuve que d’amour envers les femmes. Dans mes films, je crois avoir toujours accentué les individualités des femmes en mettant en parallèle, la situation et l’état de plusieurs d’entre elles, à la manière de certains tableaux de Kandinsky. J’ai interviewé des femmes – plus particulièrement des prostituées ou des femmes adultères – et j’ai essayé de faire le meilleur usage de leurs propos pour le scénario. J’ai pris soin de respecter la sensibilité, la délicatesse féminine et de me convaincre de ne pas les altérer par un point de vue masculin. »
C’est par ces parcours croisés de femmes qui se perdent dans le sexe par soif d’absolu que le cinéaste provoque, signe une œuvre de rebelle, politique, forte. Comme si le sexe était utilisé telle une métaphore politique avec une forme d’endoctrinement, de soumission à des règles à suivre. Dans la digne lignée d’un Sade, Sono Sion signe un film qui ne peut laisser indifférent, voire choquer. Tout sauf tiède. Assez rare pour être apprécié.

