La beauté du laid…

La photo d’une peinture faite d’ordures

Waste Land

de Lucy Walker

Sortie le : 23 mars 2011

Je vote : 4 sur 5

Quezako ? Comment un artiste brésilien devenu riche et  célèbre, Vik Muniz, décide de « rendre ce qu’on (lui) a donné » en faisant le portrait de catadores, les trieurs d’ordures de la plus grande décharge à ciel ouvert de Rio de Janeiro, pour financer l’association de jardim Gramacho, le nom de cette cité des exclus.

Et alors ? Pendant deux ans, la réalisatrice a suivi Vik Muniz, qui a grandi dans un bidonville de Rio, dans cette aventure sur le papier insensé.  Car, in fine, Muniz fait de l’art avec des immondices, des montagnes de détritus qui fument non loin de la plage de Copacabana et des brésiliennes liftées. Sans tomber dans le pathos, le déluge de bons sentiments et la communication bien tempérée – du style, je me fais de la pub le temps d’un opus et ensuite rideau!-ce film nous fait partager à la suite de Muniz à une aventure humaine qui le dépasse. Avec Tiao, Zumbi et les autres catadores,

L’appétit de vivre des catadores

il parviendrait même à nous convaincre que les contes de fées sont devenus réalité. Car, au terme de cette double quête -celle d’un art différent et celle d’une dignité retrouvée- Muniz donne à voir des personnalités humaines splendides. A cet égard, la scène où les ramasseurs de détritus découvre leur image immortalisée par une photo un brin surréaliste dans sa conception est bouleversante mais sans jouer sur des ressorts convenus ni sombrer dans le voyeurisme. Si ce jardin là n’est pas celui de l’Eden, il laisse pousser quelques belles fleurs d’espérance.  Et comme, cinématographiquement, Lucy Walker connaît son métier -la séquence de la reconstitution du meurtre de Marat dans sa baignoire en est l’expression la plus forte-  ce voyage de la poubelle au musée est envoutant de bout en bout. F.C.

Sous les détritus, le rêve…

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